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Le chef étoilé Romain Fornell face au Covid

La montée de la colère face aux mesures sanitaires

La crise sanitaire que nous traversons a manifestement eu (et aura certainement) de lourdes cons&eacute;quences &eacute;conomiques. Comment se traduisent-elles pour un chef d'entreprise comme vous ?
Avant la crise, mon domaine d'activit&eacute; &eacute;tait florissant, et depuis l'achat de mes agences en 2015 nous avions une croissance &agrave; deux chiffres. Nous surfions sur une &eacute;conomie favorable avec une forte demande et une offre dynamique. En ce d&eacute;but d'ann&eacute;e, nous avions un taux de rendez-vous avoisinant les 50 par mois et par agence, et le 16 mars, nous sommes tomb&eacute;s &agrave; une moyenne de 4 rendez-vous par semaine avant d'atteindre le chiffre de z&eacute;ro ces derniers jours. &Agrave; partir du moment o&ugrave; nous n'avons plus d'entrants, nous n'avons plus de chiffre d'affaires. Un ph&eacute;nom&egrave;ne aggravant r&eacute;side dans le fait que nos affaires en cours se sont retrouv&eacute;es bloqu&eacute;es, car certaines banques ont adopt&eacute; le confinement. De plus, les notaires qui signent habituellement les actes ont du jour au lendemain &eacute;galement suspendu leur activit&eacute;. Nous avons donc peu de perspectives car peu d'entrants, et pas de facturation possible li&eacute;e &agrave; nos dossiers en cours puisque la chaine est rompue. Cela s'est traduit par les r&eacute;sultats suivants : - 50% pour le mois de Mars car la crise est arriv&eacute;e en milieu de mois, et probablement des r&eacute;sultats qui avoisineront les - 70, - 80% pour le mois d'Avril &eacute;tant donn&eacute; que le confinement devrait &ecirc;tre prolong&eacute; au moins jusqu'au 15 Avril. Nous nous posons donc la question du comment nous allons pouvoir payer nos charges, les salaires et rembourser nos emprunts. Pour fonctionner, une entreprise s'engage et s'oblige sur le moyen long/terme. Or le moyen/long terme sont plus qu'obscurcis &agrave; l'heure actuelle.&nbsp;
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Il semblerait que certains secteurs soient davantage affect&eacute;s et vuln&eacute;rables. Qu'en est-il du votre ?
Monsieur Macron a d&eacute;cid&eacute; de fermer les commerces non-indispensables tels que les bars, restaurants, caf&eacute;s ou par extension les salons de coiffure. Si l'on s'attarde sur l'exemple du coiffeur, celui-ci ne peut exercer en raison de la forte proximit&eacute; avec ses clients et se retrouve &agrave; faire face, comme moi, &agrave; une forte diminution du chiffre d'affaires. En revanche, quand le confinement sera termin&eacute;, le coiffeur pourra imm&eacute;diatement reprendre son activit&eacute; et enregistrer une hausse de son chiffre d'affaires. Les choses sont diff&eacute;rentes pour mon activit&eacute;. &nbsp;Elle a des projets d'investissement de mes clients qui devraient tr&egrave;s probablement &ecirc;tre secou&eacute;s. L'&eacute;pid&eacute;mie influence directement la s&eacute;r&eacute;nit&eacute; et la bonne sant&eacute; &eacute;conomique de nos clients. Un secteur comme le mien directement li&eacute; &agrave; la confiance des agents &eacute;conomiques est donc beaucoup plus affect&eacute; par la crise actuelle. &Agrave; supposer que le confinement s'arr&ecirc;te entre Avril et Mai, les 6 mois suivants s'annoncent probablement compliqu&eacute;s pour nous et certainement pour beaucoup d'acteurs &eacute;conomiques. &nbsp;
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Quelles d&eacute;cisions avez-vous prises pour vous adapter &agrave; cette situation d'exception et pour prot&eacute;ger votre entreprise ?
Le gouvernement a mis en place plusieurs dispositifs d'accompagnement des entreprises. Il y a deux mesures phares par lesquelles je suis directement concern&eacute; : d'une part la prise en charge par la s&eacute;curit&eacute; sociale de l'arr&ecirc;t de travail des salari&eacute;s contraints de garder leurs enfants de moins de 16 ans concernant deux de mes salari&eacute;s, et d'autre part le ch&ocirc;mage partiel qui concerne six de mes salari&eacute;s. Le gouvernement a promis qu'il prendrait en charge une partie de la r&eacute;mun&eacute;ration des personnes concern&eacute;es par le ch&ocirc;mage partiel. J'ai par ailleurs demand&eacute; &agrave; mes salari&eacute;s d'essayer de maintenir un lien avec les clients pour avancer sur les dossiers en cours. Nous essayons &eacute;galement de faire de la prospection t&eacute;l&eacute;phonique pour essayer de trouver des opportunit&eacute;s d'affaires. L'id&eacute;e est donc de ne pas s'endormir et de garder un maximum de liens avec nos r&eacute;seaux pour trouver du &laquo;&nbsp;business r&eacute;siduel&nbsp;&raquo; et pr&eacute;parer l'apr&egrave;s crise.&nbsp;
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Emmanuel Macron a annonc&eacute; un plan de soutien de 300 milliards d'euros aux PME pour faire face &agrave; la crise. Que pensez-vous de cette mesure ?
Nous avons pour l'instant peu de visibilit&eacute; car les mesures &eacute;conomiques viennent tout juste d'&ecirc;tre adopt&eacute;es. Le PGE (Pr&ecirc;t garanti par l'&Eacute;tat) qui est une possibilit&eacute; d'emprunt propos&eacute;e par l'&Eacute;tat peut &ecirc;tre tr&egrave;s int&eacute;ressante. Il faut toutefois souligner que ce plan est r&eacute;serv&eacute; aux entreprises qui n'&eacute;taient pas fragilis&eacute;es avant l'&eacute;pid&eacute;mie. Ce dispositif est r&eacute;serv&eacute; &agrave; des entreprises &laquo;&nbsp;saines&nbsp;&raquo;, pr&eacute;sentant des comptes annuels avec des r&eacute;sultats d'exploitation et des fonds propres positifs. Pour vous donner un ordre d'id&eacute;e, on peut obtenir du gouvernement une ligne de tr&eacute;sorerie &eacute;quivalente &agrave; 25% de notre chiffre d'affaires. Ce qui est plut&ocirc;t significatif. Dans ma situation, je pourrais donc pr&eacute;tendre &agrave; obtenir 250 000 euros de ligne de tr&eacute;sorerie qui sera distribu&eacute;e par les banques, et garantie par BPI (la Banque Publique d'Investissement). Il s'agit d'une mesure extr&ecirc;mement int&eacute;ressante puisque j'avais estim&eacute; mon besoin de tr&eacute;sorerie entre 100 000 et 150 000 euros pour les 6 prochains mois. Le plan de soutien me permettrait donc de garder mes &eacute;quipes et de pr&eacute;parer le rebond.&nbsp;
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31/03/2020 - Toute reproduction interdite

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Covid-19 : Un chef d'entreprise témoigne de ses difficultés face à la crise.

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Depuis 30 ans, St&eacute;phane Tramoni est propri&eacute;taire &nbsp;du <a href="http://www.bistrot-a-vin-restaurant-vieux-port.com/">&nbsp;Bistrot &agrave; Vin</a>, pr&egrave;s de l&rsquo;Op&eacute;ra. Il ne semble pas trop soucieux quant &agrave; l&rsquo;&eacute;coulement de son stock&nbsp;: &laquo; Nous tenons un peu le choc car ma r&eacute;serve de vins a &eacute;t&eacute; constitu&eacute;e il y a longtemps. Nous avons une petite cuisine et nous recevons quotidiennement des livraisons. Cet aspect ne me pose pas trop de probl&egrave;mes&nbsp;&raquo;.

Sophie Soubeyrand est co-g&eacute;rante et cuisini&egrave;re du restaurant locavore Les&nbsp;<a href="http://restaurantlesgrandesgueules.com/">Grandes Gueules</a>&nbsp; dans le 6eme arrondissement.&nbsp; Elle ach&egrave;te directement ses produits aupr&egrave;s des producteurs locaux, ce qui est pour elle un avantage. &laquo;&nbsp;J&rsquo;ai un petit peu de stock et j&rsquo;ai pr&eacute;vu de faire de la vente &agrave; emporter &agrave; partir de mardi avec des petits plats pas trop chers. Je vais voir si &ccedil;a marche car il n&rsquo;y avait pas trop de demandes lors du d&eacute;confinement. Si cela ne marche pas, nous fermerons. Rester 6 heures, d&eacute;penser plus d&rsquo;argent que l&rsquo;on en gagne et vendre 5 plats, cela ne vaut pas le coup&nbsp;&raquo; constate-t-elle.

Jean &ndash; Bernard Tafanelli tient quant &agrave; lui <a href="https://www.facebook.com/poivreetsel13/">Le poivre et sel&nbsp;</a> depuis 14 ans dans le 8e arrondissement. &nbsp;Son stock n&rsquo;est que l&rsquo;une de ses pr&eacute;occupations&nbsp;majeures : &laquo;&nbsp;C&rsquo;est tout le probl&egrave;me. A la sortie du confinement, nous &eacute;tions un peu dans le rouge. Avec les trois mois d&rsquo;&eacute;t&eacute; nous sommes arriv&eacute;s &agrave; sortir un peu la t&ecirc;te de l&rsquo;eau. Heureusement je n&rsquo;ai pas trop de dettes car nous sommes parvenus &agrave; les r&eacute;gulariser. Notre inqui&eacute;tude concerne surtout le loyer.&nbsp; Notre niveau de vie va changer. Cela fait pr&egrave;s de 5 mois que nous ne nous payons pas mon associ&eacute; et moi-m&ecirc;me&nbsp;&raquo;.

Tenir &agrave; tout prix 

Pour les trois restaurateurs, leur survie et celle de leurs employ&eacute;s est un casse-t&ecirc;te auquel il a fallu faire face pendant et apr&egrave;s le confinement. St&eacute;phane explique&nbsp;: &laquo;&nbsp;Nous avons d&ucirc; r&eacute;duire l&rsquo;&eacute;quipe. Comme nous sommes une petite structure, tout le monde y a mis de la bonne volont&eacute;. Mes employ&eacute;s ont tous eu leurs salaires, sans r&eacute;duction. Avoir une petite &eacute;quipe repr&eacute;sente un gros avantage dans un moment comme celui-l&agrave;&nbsp;&raquo;. Jean-Bernard a &eacute;t&eacute; contraint de mettre trois employ&eacute;s au ch&ocirc;mage partiel. &laquo; Ces personnes ont du mal &agrave; se relever. C&rsquo;est une situation catastrophique pour tout le monde. Il va &ecirc;tre compliqu&eacute; de faire face &agrave; cette fermeture. &raquo; d&eacute;plore &ndash; t-il. &nbsp;Sophie a entam&eacute; le pr&ecirc;t garanti par l&rsquo;&nbsp;&Eacute;tat&nbsp;: &laquo;&nbsp;Nous en avons b&eacute;n&eacute;fici&eacute; au mois de Juin. Nous esp&eacute;rions le rendre en Janvier comme pr&eacute;vu, sauf qu&rsquo;au mois de Septembre, nous avons eu tr&egrave;s peu de monde. Ce cr&eacute;dit nous &eacute;vite de fermer, mais il va falloir que l&rsquo;on rembourse &agrave; terme&nbsp;&raquo;. Elle poursuit&nbsp;: &laquo; J&rsquo;ai per&ccedil;u 1500 euros de la part de l&rsquo;&Eacute;tat, jusqu&rsquo;en Juin. En Juillet, j&rsquo;ai &eacute;t&eacute; pay&eacute;e par le restaurant. Ce serait bien que cette mesure soit remise en place, au moins pour les petites structures. En ce qui concerne le ch&ocirc;mage partiel de nos salari&eacute;s, il a fallu que nous refassions une demande ces jours-ci. Ce que l&rsquo;on a perdu, on a fait une croix dessus&nbsp;&raquo;.

La p&eacute;riode du post-d&eacute;confinement n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; mirobolante en termes de fr&eacute;quentation pour tous.&nbsp; &laquo;&nbsp;Le midi, c&rsquo;est relativement stable. Le soir, nous avons perdu des couverts. Certains de nos clients ont de belles caves et peuvent appr&eacute;cier leurs propres vins dans leurs jardins. Les autres arrivent de moins en moins tardivement&nbsp;&raquo; constate St&eacute;phane. Et pour cause, les annonces se sont succ&eacute;d&eacute;, envisageant des fermetures &agrave; 20h, puis 23h, puis &agrave; 0h30, de quoi d&eacute;courager certains clients. Le t&eacute;l&eacute;travail &eacute;tant encore en vigueur dans certaines entreprises, Sophie a constat&eacute; une baisse de la fr&eacute;quentation : &laquo; J&rsquo;ai perdu une partie de ma client&egrave;le car elle vient essentiellement le midi et environ 30% de gens sont encore en t&eacute;l&eacute;travail. Beaucoup de nos habitu&eacute;s reviennent, mais il y en a que l&rsquo;on ne voit plus.&nbsp;&raquo;

La responsabilit&eacute; des pouvoirs publics

Avant m&ecirc;me l&rsquo;ouverture de la saison estivale, St&eacute;phane a observ&eacute; un certain rel&acirc;chement de la population dans des endroits connus pour leur cadre idyllique : &laquo;&nbsp;Au d&eacute;but du d&eacute;confinement, le Vallon des Auffes &eacute;tait cauchemardesque&nbsp;! Les restaurants &eacute;taient encore ferm&eacute;s et des gens &eacute;taient assis &agrave; 10 centim&egrave;tres les uns des autres en train de boire avec de la musique &agrave; plein tube&nbsp;!&raquo;. M&ecirc;me si Marseille et ses alentours ont connu une augmentation de 30% de la fr&eacute;quentation touristique cet &eacute;t&eacute;, selon St&eacute;phane, &laquo; La client&egrave;le n&rsquo;&eacute;tait pas vraiment de qualit&eacute;. J&rsquo;ai vu des bagarres &agrave; Cassis, des incivilit&eacute;s, des gens qui partaient sans payer. Des jeunes &eacute;taient torse-nu dans le village, et la police ne faisait rien.&nbsp; Les pouvoirs publics ont une part de responsabilit&eacute;. Il aurait fallu faire respecter les mesures&nbsp;! A Marseille, il suffisait d&rsquo;aller sur le Cours d&rsquo;Etienne d&rsquo;Orves ou de monter &agrave; la Plaine. On savait exactement ou &eacute;taient les gens agglutin&eacute;s comme des anchois&nbsp;!&nbsp;&nbsp;Nous n&rsquo;avons pas &eacute;t&eacute; disciplin&eacute;s et l&rsquo;&Eacute;tat et la Police Municipale n&rsquo;ont pas fait en sorte que nous le soyons. Depuis le d&eacute;but du d&eacute;confinement, il ne fallait pas laisser les choses s&rsquo;envenimer ainsi &agrave; Marseille&nbsp;!&nbsp;&raquo;.&nbsp; M&ecirc;me constat pour Sophie : &laquo;&nbsp;Les choses ont &eacute;t&eacute; mal g&eacute;r&eacute;es. Il y a eu le d&eacute;confinement, puis &ccedil;a a &eacute;t&eacute; la &laquo;&nbsp;f&ecirc;te au village&nbsp;&raquo;, comme s&rsquo;il fallait relancer &agrave; tout prix l&rsquo;&eacute;conomie&nbsp;!&nbsp;Les zones rouges sont celles o&ugrave; il y avait des touristes&nbsp;mais on ne peut pas tout leur mettre sur le dos non plus&nbsp;!&nbsp; Il fallait davantage contr&ocirc;ler les espacements des terrasses&nbsp;!&nbsp;&raquo;

Un sentiment de stigmatisation 

Les restaurateurs sont dubitatifs. Pour Jean-Bernard, &laquo;&nbsp;Cette mesure est aberrante&nbsp;! A fortiori lorsque l&rsquo;on voit les gens coll&eacute;s entre eux dans les transports publics&nbsp;&raquo;. St&eacute;phane rench&eacute;rit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les transports en commun circulent, les ventes &agrave; emporter continuent, les gens vont s&rsquo;amasser autour du Vieux Port ou du Vallon des Auffres et l&rsquo;on ne va jamais en sortir. Cette mesure ne sert pas &agrave; grand-chose&nbsp;! &raquo;. Pour Sophie, la fermeture des &eacute;tablissements est injustifi&eacute;e&nbsp;: &laquo;&nbsp;Au restaurant, il y a un m&egrave;tre entre les gens, je fais m&ecirc;me la police lorsqu&#39;ils&nbsp;rentrent sans le masque&nbsp;! Je ne vois pas l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de fermer les restaurants et m&ecirc;me les bars. Comme si le virus ne circulait que lorsque les gens sont debout&nbsp;! En revanche, on peut aller consommer dans un supermarch&eacute; sans probl&egrave;me&nbsp;&raquo;. Elle poursuit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Nous avons affaire &agrave; des charlatans qui ne s&rsquo;appuient pas sur les professionnels et les scientifiques.&nbsp; Il n&rsquo;y a pas d&rsquo;explication au fait que le virus circule plus dans un restaurant que dans une galerie marchande ou un supermarch&eacute;. Si une &eacute;tude scientifique me prouve le contraire je veux bien le croire, mais nous n&rsquo;en n&rsquo;avons aucune certitude&nbsp;!&nbsp;&raquo;. Elle ajoute d&rsquo;un air malicieux : &laquo; Il y a aussi peut-&ecirc;tre une volont&eacute; de stigmatiser Marseille. A Paris, la situation n&rsquo;est pas idyllique non plus&nbsp;! Mais il faut bien que les ministres aillent manger le midi&nbsp;!&nbsp;&raquo;

St&eacute;phane et Jean-Bernard pensent que le r&eacute;tablissement du service du midi permettrait au moins de limiter les d&eacute;g&acirc;ts. &laquo;&nbsp;Beaucoup de mes confr&egrave;res craignent la fermeture administrative, mais l&rsquo;on va se battre&nbsp;! Il faut au moins que nous puissions ouvrir le midi&nbsp;! Je ne suis pas d&rsquo;un caract&egrave;re belliqueux, mais je suis en col&egrave;re&nbsp;!&nbsp;&raquo; tonne Jean-Bernard. &nbsp;&laquo;&nbsp;Si mes confr&egrave;res d&eacute;cident de r&eacute;sister en nombre pourquoi pas, mais nous n&rsquo;allons pas non plus risquer une fermeture administrative qui nous mettrait encore plus en difficult&eacute;&nbsp;!&nbsp;&raquo; s&rsquo;exclame Sophie.&nbsp; St&eacute;phane est de son c&ocirc;t&eacute; contre la fronde qui risque&nbsp;&laquo;&nbsp;de les mener droit dans le mur &nbsp;&raquo;&nbsp;.

Pas d&rsquo;exon&eacute;ration de charges

M&ecirc;me si en juin dernier&nbsp; le minist&egrave;re de l&rsquo;Economie et des finances a annonc&eacute; des <a href="https://www.economie.gouv.fr/covid19-soutien-entreprises/mesures-soutien-secteurs-restauration-tourisme-culture-sport">mesures</a> de soutien en faveur de la restauration et d&rsquo;autres secteurs, les restaurateurs souhaiteraient une exon&eacute;ration de leurs charges. Pour St&eacute;phane, &laquo; Il&nbsp;est certain que des annulations doivent &ecirc;tre mises en place. A ce niveau-l&agrave;, les pouvoirs publics ne jouent pas franchement le jeu&nbsp;&raquo;.&nbsp; Sophie a observ&eacute; que les banques n&rsquo;avaient pas toutes assoupli leurs pr&eacute;l&egrave;vements&nbsp;: &laquo;&nbsp;Elles devaient retarder les &eacute;ch&eacute;ances de cr&eacute;dits. Or les pr&eacute;l&egrave;vements ont &eacute;t&eacute; faits de suite, malgr&eacute; le confinement. Cela allait car nous avions un peu de tr&eacute;sorerie. La banque a continu&eacute; de pr&eacute;lever sur le terminal de la carte bleue alors que nous ne nous en sommes pas servi pendant trois mois ! Si ces pr&eacute;l&egrave;vements avaient &eacute;t&eacute; gel&eacute;s, nous nous serions sentis soutenus, m&ecirc;me s&rsquo;il s&rsquo;agit de petites sommes. Nombre de mes confr&egrave;res sont en situation de survie et ne savent pas s&rsquo;ils vont pouvoir tenir le coup. Ils ne pourront pas rembourser &agrave; terme le pr&ecirc;t garanti par l&rsquo;&Eacute;tat. Au final, ce sont tous les contribuables qui vont &ecirc;tre sollicit&eacute;s et les banques n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; assez mobilis&eacute;es&nbsp;&raquo;. Conclut &ndash;elle.

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28/09/2020 - Toute reproduction interdite.

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Marseille : La colère des restaurateurs

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Fild: Vous attendiez-vous &agrave; une telle d&eacute;cision du gouvernement&nbsp;?&nbsp;
Fr&eacute;d&eacute;ric Jeanjean&nbsp;: Pas du tout, non, on pensait qu&rsquo;on allait nous permettre d&rsquo;ouvrir d&eacute;but d&eacute;cembre, en m&ecirc;me temps que les autres commerces. Il faut qu&rsquo;on travaille. Il y a des gens qui sont dans une situation catastrophique. &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Nous faisons face &agrave; de vrais probl&egrave;mes : &nbsp;le gouvernement annon&ccedil;ait les reports de cr&eacute;dits bancaires et &ccedil;a n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; fait, on nous a dit qu&rsquo;on pourrait lisser les factures de gaz et d&rsquo;&eacute;nergie ou les reporter et ce n&rsquo;est pas du tout d&rsquo;actualit&eacute;. Concr&egrave;tement, on se retrouve avec des professionnels de la restauration qui, au bout de 5 mois de fermeture, sont oblig&eacute;s de vendre la vaisselle de leur &eacute;tablissement ou le mobilier pour pouvoir bouffer. J&rsquo;ai des gars qui ne peuvent m&ecirc;me plus payer la cantine des gamins. Ce sont des situations extr&ecirc;mes. Fild: En r&eacute;alit&eacute;, les restaurants et caf&eacute;s seraient tout &agrave; fait capables de rester ouverts en respectant un protocole sanitaire comme &ccedil;a a &eacute;t&eacute; le cas ces derniers mois&nbsp;? &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Fr&eacute;d&eacute;ric Jeanjean&nbsp;: Mais le protocole sanitaire, il vient d&rsquo;o&ugrave;, d&rsquo;apr&egrave;s vous&nbsp;? Qui est-ce qui l&rsquo;a propos&eacute; au gouvernement&nbsp;? C&rsquo;est nous&nbsp;! Parce qu&rsquo;&agrave; part sortir des normes et des d&eacute;crets, qui plus est mal r&eacute;dig&eacute;s, qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;ils font&nbsp;? &nbsp;Le protocole sanitaire qui a &eacute;t&eacute; appliqu&eacute; dans tous les restaurants de France, c&rsquo;est celui que nous, &agrave; l&rsquo;UMIH des Bouches du Rh&ocirc;ne, on avait propos&eacute;. Quand Olivier V&eacute;ran est venu &agrave; Marseille, il a refus&eacute; de nous parler. A force d&rsquo;engager un bras de fer, on a r&eacute;ussi &agrave; rouvrir au bout d&rsquo;une semaine, et &agrave; ce que ce protocole soit appliqu&eacute; dans toute la France. &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Fild&nbsp;: Vous restez ferm&eacute;s, mais pas les cantines ou les restaurants au sein des entreprises. Comment expliquez-vous cette incoh&eacute;rence&nbsp;? Fr&eacute;d&eacute;ric Jeanjean&nbsp;: Je ne suis ni ministre ni technocrate. Je ne saurai pas vous l&rsquo;expliquer. Vous savez, nous sur le terrain on essaye d&rsquo;analyser les choses avec de l&rsquo;intelligence, avec du c&oelig;ur, avec nos moyens. Nous n&rsquo;avons pas de logiciels. Alors qu&rsquo;eux, ils ne fonctionnent qu&rsquo;avec &ccedil;a. &Agrave; un moment il va falloir qu&rsquo;ils arrivent &agrave; comprendre ce qu&rsquo;est la r&eacute;alit&eacute; pour les Fran&ccedil;ais. Expliquez-moi. Les gens dans les transports en commun, ils ne se contaminent pas&nbsp;? Et dans les grandes surfaces, quand vous voyez tous ces gens agglutin&eacute;s aux caisses&nbsp;? L&rsquo;autre jour, un restaurateur m&rsquo;appelait en me disant que son fils de 10 ans pleurait en disant &laquo;&nbsp;mais papa, on va plus pouvoir rester &agrave; la maison, on va plus pouvoir manger &raquo;. Qu&rsquo;est-ce que vous dites &agrave; votre gamin dans ces cas-l&agrave;&nbsp;? Vous culpabilisez. Et qu&rsquo;est-ce qui se passe&nbsp;? Il y a d&eacute;j&agrave; trois restaurateurs qui se sont suicid&eacute;s en France, peut-&ecirc;tre plus. Mais on ne communique pas dessus. Et vous savez pourquoi&nbsp;? Parce que, comme on a aucune nouvelle positive, on n&rsquo;a pas envie que &ccedil;a fasse un appel d&rsquo;air et que les mecs se foutent en l&rsquo;air partout. Comme &ccedil;a a &eacute;t&eacute; le cas avec les agriculteurs. &Agrave; force de vouloir trop prot&eacute;ger les gens, on va finir par les tuer. Fild: Quelle forme va prendre votre manifestation de jeudi&nbsp;? &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Fr&eacute;d&eacute;ric Jeanjean&nbsp;: ll y a une grande manifestation &agrave; Marseille, avec 28 d&eacute;partements qui ont r&eacute;pondu pr&eacute;sent pour les f&eacute;d&eacute;rations UMIH. Se joignent &agrave; nous les m&eacute;tiers de l&rsquo;&eacute;v&egrave;nementiel, les agriculteurs, les m&eacute;tiers de la culture, les stations de ski&hellip; &ccedil;a prend de tous c&ocirc;t&eacute;s.
 Fild : Qu&rsquo;en est-il des aides financi&egrave;res du gouvernement et des banques&nbsp;? 
Fr&eacute;d&eacute;ric Jeanjean&nbsp;: Les banques ont suivi sur les premiers 6 mois, et ce devait &ecirc;tre reconductible. Mais les 6 mois suivants, il n&rsquo;y a rien eu. Quand je suis all&eacute; rencontrer ma banque, aupr&egrave;s de laquelle j&rsquo;ai des cr&eacute;dits bancaires, en leur demandant de repousser, ils m&rsquo;ont dit qu&rsquo;ils n&rsquo;avaient aucune directive, et que le service risque demandait &agrave; ce que je pr&eacute;sente un pr&eacute;visionnel sur trois ans. Vous le faites, vous, le pr&eacute;visionnel sur trois ans ? L&rsquo;autre jour, j&rsquo;ai appel&eacute; ENGIE parce qu&rsquo;on pouvait repousser les factures lorsque nous &eacute;tions ferm&eacute;s. Pas de recettes, pas de charges. Ils m&rsquo;ont r&eacute;pondu que ce n&rsquo;&eacute;tait valable que pour le premier confinement, et qu&rsquo;il fallait que je fasse au mieux. A Marseille, nous avons &eacute;t&eacute; ferm&eacute;s d&egrave;s le mois d&rsquo;octobre, parce que oui, nous avons un r&eacute;gime sp&eacute;cial, comme on a Raoult. Ce n&rsquo;est que depuis le 20 novembre que nous pouvons faire la demande pour &ecirc;tre indemnis&eacute; du mois d&rsquo;octobre. Et en attendant, on fait comment ? C&rsquo;est un v&eacute;ritable imbroglio administratif, c&rsquo;est Kafka qui a pris le pouvoir en France. La cons&eacute;quence directe, c&rsquo;est qu&rsquo;on a des gars derri&egrave;re qui se battent et qui ne s&rsquo;en sortent pas. La semaine derni&egrave;re, c&rsquo;est 8 liquidations qui ont &eacute;t&eacute; prononc&eacute;es. Et que des restaurants du vieux port, ceux dont on disait que la saison avait &eacute;t&eacute; fantastique. &Ccedil;a prouve bien qu&rsquo;on n&rsquo;arrive pas &agrave; se relever. Si on suit les pronostics, on pourrait avoir jusqu&rsquo;&agrave; 70% de disparition d&rsquo;&eacute;tablissements dans la r&eacute;gion PACA. Macron nous met &agrave; mort. &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; 25/11/2020 - Toute reproduction interdite

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