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Pourquoi Erdogan a &ndash; t &ndash; il lanc&eacute; cette invasion? 

Erdogan menace Rojava depuis longtemps. Il veut &eacute;radiquer le peuple kurde. Les Turcs pensent que les Kurdes sont leur premier ennemi parce qu&#39;ils revendiquent leurs droits. Une partie du Kurdistan se trouve &eacute;galement en Turquie et les Kurdes subissent beaucoup de pression. Rojava n&#39;est pas une menace pour Erdogan, car nous n&#39;avons jamais rien fait de mal &agrave; la fronti&egrave;re avec la Turquie. On n&rsquo; a jamais tir&eacute; une balle de leur c&ocirc;t&eacute;. Ils ont toujours attaqu&eacute; et tu&eacute; des civils &agrave; la fronti&egrave;re. Cela a empir&eacute; &agrave; un point tel que pendant trois ans, Erdogan a menac&eacute; de bombarder. Maintenant, il vient de le faire.

Quelles sont les cons&eacute;quences pour la population kurde en Syrie ?

Il y a six jours, Erdogan a commenc&eacute; l&#39;agression. Une bombe a &eacute;t&eacute; largu&eacute;e sur une &eacute;cole et, heureusement, il n&#39;y avait pas d&#39;enfants &agrave; ce moment-l&agrave;. Cette bombe est tomb&eacute;e entre ma maison et celle de ma soeur qui a six enfants. Le quartier &eacute;tait plein de gens. Dans les trois heures qui ont suivi, la ville &eacute;tait vide de civils et beaucoup&nbsp; sont &nbsp;&nbsp;morts. Il y a aussi des enfants qui sont horrifi&eacute;s, qui n&#39;ont pas de maison et qui sont dispers&eacute;s dans les villes environnantes. Si vous connaissez la carte de Rojava (Kurdistan Occidental), la plupart des villes se trouvent &agrave; la fronti&egrave;re de la Turquie. Les bombardements ont eu lieu dans toutes les villes la m&ecirc;me nuit. Il n&#39;y avait donc pas d&#39;endroit s&ucirc;r o&ugrave; aller pour toutes ces personnes, et elles se sont toutes rendues sur Al-ḥasaka. L&agrave;-bas, certains camps de d&eacute;tention de Daesh ont &eacute;galement &eacute;t&eacute; bombard&eacute;s et de nombreux d&eacute;tenus se sont enfuis. Il y a aussi beaucoup de groupes affili&eacute;s &agrave; Daesh qui sont dans la ville, soutenus par Erdogan, et qui attendent juste le feu vert pour attaquer. A la fronti&egrave;re, on ne pouvait aller nulle part &agrave; cause des bombardements et de l&#39;autre c&ocirc;t&eacute;, &nbsp;en allant &nbsp;d&rsquo; Al-ḥasaka jusqu&#39;&agrave; Tall Tamr, toutes les cellules de Daesh commencent &agrave; tuer les gens sur les routes, et manifestent arm&eacute;s devant les prisons de Hasake.&nbsp; Ils ont &eacute;galement attaqu&eacute; des &eacute;coles o&ugrave; des r&eacute;fugi&eacute;s ont trouv&eacute; un abri. Tout est fait pour que les gens aient peur et fuient leur patrie. Mais les habitants de Rojava ne bougeront jamais! Dans chaque maison de Rojava, il y a au moins 2 ou 3 martyrs. Dans ma famille, il y a des enfants qui savent parfaitement ce qui se passe. Ils savent ce qu&#39;ils perdent et ils ne veulent pas partir d&#39;ici. Ils veulent revenir chez eux. C&#39;est une cause perdue pour Erdogan que de tenter de les faire partir de leurs terres.

Quel est le projet politique du peuple kurde ? 

Il s&#39;agit d&#39;un projet d&#39;auto-administration pour lequel les Kurdes luttent depuis 7 ou 8 ans. Il a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute; par les habitants de Rojava eux-m&ecirc;mes. Pendant plusieurs ann&eacute;es, nous avons essay&eacute; de l&#39;implanter dans les communes. Tous les habitants de Rojava sont impliqu&eacute;s dans ce processus.&nbsp; La semaine derni&egrave;re, nous avons &eacute;t&eacute; t&eacute;moins d&#39;une grande trahison de la part de nos alli&eacute;s, avec qui nous avons combattu &agrave; leurs c&ocirc;t&eacute;s. R&eacute;cemment, le r&eacute;gime d&#39;Assad annon&ccedil;ait qu&#39;il n&#39;y aurait pas d&#39;auto-administration, mais ce &agrave; quoi on ne s&#39;attendait pas, c&rsquo;est que Sere Kaniye allait r&eacute;sister pendant sept jours sous les bombardements des avions.&nbsp; Le pays de Rojava est tr&egrave;s plat et il est impossible de combattre. Nous &eacute;tions pr&eacute;par&eacute;s &agrave; cette offensive depuis longtemps. Ce matin, Sere Kaniye a &eacute;t&eacute; d&eacute;barrass&eacute;e de la Turquie et de ses alli&eacute;s combattants, comme Al Nosra. Ils ne peuvent pas entrer dans la ville. Depuis hier, il y a eu beaucoup d&#39;annonces politiques parce qu&#39;il y a eu une forte pression internationale. C&#39;est un &eacute;v&egrave;nement historique,&nbsp; car le monde entier manifeste pour&nbsp; soutenir Rojava. Tous ceux qui ont visit&eacute; cet endroit savent &agrave; quel point c&#39;est un mod&egrave;le et syst&egrave;me d&eacute;mocratique o&ugrave; tout le monde peut vivre en toute s&eacute;curit&eacute;. Nous allons gagner !

Qu&#39;attendent les Kurdes de la communaut&eacute; internationale ? 

Le peuple de Rojava dit qu&#39;il ne fait plus confiance aux USA. Nous avons tous vu ce qu&#39;ils ont fait &agrave; Afrin l&#39;ann&eacute;e derni&egrave;re et maintenant &agrave; Rojava. Ce que nous croyons, c&rsquo;est que le monde &nbsp;entier doit se lever pour Rojava. Si vous permettez que cette aggression &nbsp;arrive aux enfants Rojava, vous permettez que cela arrive &agrave; tous les enfants du monde entier dans tous les cas o&ugrave; la politique tourne mal. Etre tu&eacute;s, devenir des r&eacute;fugi&eacute;s, sans maison. La r&eacute;action internationale est maintenant forte, et tr&egrave;s appr&eacute;ci&eacute;e &agrave; Rojava.

Pensez-vous qu&#39;Erdogan souhaite faire revivre l&rsquo;&eacute;tat islamique ?&nbsp; 

Pendant longtemps, Erdogan a envoy&eacute; diff&eacute;rents groupes sous diff&eacute;rents noms. Ces groupes avaient diff&eacute;rents visages de Daesh. C&#39;est au d&eacute;but Jabat al Nosra qui est entr&eacute; &agrave; Sere Kaniye en 2011 et ils ont perdu. Puis Ahrar el Cham est devenu ISIS (Daesh). Il y a des photos, des documents qui prouvent qu&#39;Erdogan nourrit ces groupes. Nous savons que le plan d&#39;Erdogan est de ramener ces gens &agrave; Rojava. Pour lui, si Rojava reste, ce sera sa&nbsp; propre fin. Il fait maintenant tout ce qu&#39;il peut pour d&eacute;truire Rojava, pour faire un nettoyage ethnique, mais cela n&#39;arrivera pas.

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15/10/2019 - Toute reproduction interdite

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Témoignage:" Erdogan veut éradiquer le Peuple Kurde "

L&#39;ex-Premier Ministre Libyen, Ali Zeidan disait en 2013 : &laquo; La communaut&eacute; internationale ne peut pas tol&eacute;rer un &eacute;tat au milieu de la M&eacute;diterran&eacute;e qui soit source de terrorisme, violence et meurtres. &raquo;. Malheureusement, sept ans plus tard, la situation n&#39;a fait qu&#39;empirer et la Libye est devenue l&rsquo;un des th&eacute;&acirc;tres de violences o&ugrave; toutes les puissances du monde se font la guerre par procuration. Chaque nation d&eacute;fend le camp qu&#39;elle a choisi de supporter mais l&rsquo;implication plus directe d&#39;un pays comme la Turquie ne fera qu&#39;attiser le chaos et la violence. 
 
Sans surprise, le 2 Janvier, le Parlement turc a vot&eacute; une autorisation d &#39;un an pour envoyer des troupes en Libye afin de soutenir le Gouvernement d&#39;Accord National (GAN) de Fayez al-Sarraj. Le Pr&eacute;sident Erdogan n&#39;a pas vraiment attendu ce vote puisque depuis les derni&egrave;res semaines, 300 mercenaires syriens sont d&eacute;j&agrave; en train de combattre en Libye au c&ocirc;t&eacute; du GAN. En outre, 1000 autres mercenaires syriens sont &agrave; l&rsquo;entrainement dans des camps turcs avant d&#39;&ecirc;tre envoy&eacute;s en Libye. &nbsp;La Turquie est d&eacute;j&agrave; de facto le sous-traitant du GAN, menant des op&eacute;rations militaires depuis Tripoli et Misrata. Aussi, Ankara avait d&eacute;j&agrave; envoy&eacute; en 2019 des conseillers militaires, des armes et 20 drones, fournis directement par une soci&eacute;t&eacute; appartenant au gendre d&#39;Erdogan. De son c&ocirc;t&eacute;, Le GAN se targue ouvertement de recevoir du mat&eacute;riel militaire directement de Turquie. Ceci est d&#39;autant plus ironique que le GAN - gouvernement mis en place et approuv&eacute; par les Nations Unies - est en violation ouverte des r&eacute;solutions de l&#39;ONU interdisant l&#39;importation d&#39;armes en Libye. 
 
Quelles sont les raisons principales de cette implication massive de la Turquie en Libye ? 
Il y a d&rsquo;abord un aspect historique loin d&#39;&ecirc;tre n&eacute;gligeable et symbolique : Erdogan se voit comme le nouveau Calife et va tout faire pour restaurer l&#39;empire ottoman. La Libye faisait partie de l&#39;ancien empire ottoman, et fut m&ecirc;me le dernier territoire perdu par les Turcs. Mustafa Kemal Atat&uuml;rk y a combattu et fut bless&eacute; dans ce pays, ce qui repr&eacute;sente un autre symbole. 
Il y a par ailleurs un facteur &laquo; ethnique &raquo; : Misrata - &nbsp;o&ugrave; des groupes islamistes sont bas&eacute;s et font partie du GAN - &nbsp;est peupl&eacute;e majoritairement &nbsp;d&#39;ethnies turques. Le facteur id&eacute;ologique est aussi important car Erdogan est un des plus fervents supporters de l&rsquo;organisation des Fr&egrave;res Musulmans et veut aider le groupe islamiste &agrave; contr&ocirc;ler la Libye. 
Le facteur &eacute;nerg&eacute;tique est &eacute;galement primordial : souhaitant prot&eacute;ger son projet d&#39;ol&eacute;oduc TurkStream, Erdogan a sign&eacute; un accord maritime avec le GAN qui cr&eacute;e une zone &eacute;conomique exclusive englobant quasiment la Cr&egrave;te et les iles de Rhodes. Il cherche surtout par tous les moyens &agrave; saboter le projet de gazoduc East Med, long de 2000 kilom&egrave;tres, qui devrait acheminer le gaz d&eacute;couvert au large d&#39;Isra&euml;l et du Liban via Chypre et la Gr&egrave;ce puis vers le reste de l&#39;Europe. 
Le facteur &eacute;conomique est tout aussi vital. Il s&#39;agit en effet de d&eacute;fendre les investissements r&eacute;alis&eacute;s sous Kadhafi. &nbsp;Les entreprises turques avaient investi pr&egrave;s de 30 milliards de $ en Libye et ont pass&eacute; un accord &eacute;conomique avec le GAN. 
Les facteurs g&eacute;opolitique et strat&eacute;gique constituent la cerise sur le g&acirc;teau : Erdogan se positionne en Libye pour faire partie de la n&eacute;gociation &agrave; l&#39;avenir et contrer ses ennemis mortels : l&#39;&Eacute;gypte, la Gr&egrave;ce, Isra&euml;l, les &Eacute;mirats Arabes Unis, l&#39;Arabie Saoudite et dans une moindre mesure la France. 
 
Que&nbsp;va&nbsp;faire&nbsp;la&nbsp;communaut&eacute;&nbsp;internationale&nbsp;? 
L&#39;Europe ne pourra pas vraiment se mettre en travers de la Turquie &agrave; cause du chantage des r&eacute;fugi&eacute;s. Erdogan a &eacute;t&eacute; averti de ne pas intervenir en Libye malgr&eacute; sa bonne relation avec Donald Trump. Mais le pr&eacute;sident am&eacute;ricain a d&#39;autres chats &agrave; fouetter pour le moment. 
Seule La Russie qui soutient l&#39;Arm&eacute;e Nationale Libyenne (ANL) du Mar&eacute;chal Haftar par l&#39;envoi d&#39;armes et de mercenaires du groupe Wagner- entre 500 et 1500 hommes sur place-, pourrait possiblement se frotter &agrave; Erdogan. N&eacute;anmoins, force est de constater que la Russie se couvre car elle n&#39;est pas seulement derri&egrave;re l&#39;ANL. Elle a aussi une relation diplomatique avec le GAN et garde Seif al Islam, le fils de feu Kadhafi, sous la main. Toutefois, il est fort probable que nous arrivions &agrave; un Modus Vivendi entre les deux pays comme en Syrie. 
 
Depuis le vote du parlement turc, L&#39;Union Africaine, les Nations Unies et la France ont &eacute;mis des avertissements sur les risques d&#39;une intervention militaire de la Turquie en Libye. Malheureusement, un scenario similaire &agrave; la Syrie post-2016 n&#39;est pas &agrave; exclure...

12/01/2020&nbsp; - Toute reproduction interdite

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L'expansion militaire de la Turquie en Libye

Les eaux du Bosphore sont redevenues bleues et les m&eacute;duses sont moins nombreuses depuis la baisse de l&rsquo;activit&eacute; maritime. Le long du quartier portuaire de Karak&ouml;y, &nbsp;l&rsquo;un des plus hupp&eacute;s et vivant d&rsquo;Istanbul, les magasins, caf&eacute;s et restaurants sont ferm&eacute;s, les rues r&eacute;duites au silence. Pourtant, en Turquie, le confinement est partiel. Seuls les moins de 20 ans et les plus de 65 ans sont pri&eacute;s de ne pas quitter le domicile. Aux personnes &acirc;g&eacute;es mises en quarantaine, Recep Tayyip Erdoğan a offert de l&rsquo;eau de Cologne, des masques et adress&eacute; un petit mot de remerciement pour leur soutien en ces temps troubles. Le pr&eacute;sident qui a impos&eacute;, par ailleurs, le port du masque dans les lieux publics, a promis leur disponibilit&eacute; et gratuit&eacute;. Le locataire du palais blanc se presse d&rsquo;&ecirc;tre sur tous les fronts. D&rsquo;ailleurs, a-t-il d&rsquo;autre choix ?
Cette crise rev&ecirc;t &agrave; la fois un caract&egrave;re sanitaire, &eacute;conomique et politique. Sur le premier plan, le pr&eacute;sident s&rsquo;est engag&eacute; &agrave; construire deux h&ocirc;pitaux &agrave; l&rsquo;a&eacute;roport Atat&uuml;rk et &agrave; Sancaktepe, d&rsquo;une capacit&eacute; de mille lits chacun. &laquo; Ils seront pr&ecirc;ts dans 45 jours &raquo; a-t-il annonc&eacute;. Apr&egrave;s le d&eacute;ni de la contamination qui aura dur&eacute; trop longtemps, on ose parler aujourd&rsquo;hui d&rsquo;urgence. Depuis quelques jours, la Turquie a franchi officiellement la barre des 57 000 contaminations et celle des mille morts, ce qui la place au 9&egrave;me rang dans le triste palmar&egrave;s des pays les plus contamin&eacute;s au monde. Ankara assure avoir d&eacute;j&agrave; effectu&eacute; 35 700 tests mais on est loin du compte dans ce grand pays de 83 millions d&rsquo;&acirc;mes. On affirme, par ailleurs que les personnes test&eacute;es positives seront suivies via une application smartphone. La Turquie compte ainsi d&eacute;ployer un r&eacute;seau de surveillance en s&rsquo;appuyant sur les nouvelles technologies&hellip; Au centre d&rsquo;Istanbul, &agrave; l&rsquo;h&ocirc;pital Taksim Ilkyardim, les services d&rsquo;urgences ne semblent pas d&eacute;bord&eacute;s. Quelques patients attendent leur tour dans un dispositif de distanciation impressionnant et plut&ocirc;t respect&eacute;. La pr&eacute;sence polici&egrave;re a l&rsquo;entr&eacute;e y est peut-&ecirc;tre pour quelque chose ! Cette asym&eacute;trie face &agrave; l&rsquo;urgence s&rsquo;explique par une strat&eacute;gie sanitaire adopt&eacute;e ici qui est de r&eacute;server une cat&eacute;gorie d&rsquo;h&ocirc;pitaux au Coronavirus pour &eacute;viter la propagation du mal invisible. A la sortie de l&rsquo;h&ocirc;pital et comme si le monde &eacute;tait encore en paix, la tradition de nourrir les chats et les chiens errants d&rsquo;Istanbul est maintenue. Les animaux n&rsquo;ont rien chang&eacute; &agrave; leurs habitudes. Aujourd&rsquo;hui plus que jamais, les rues leur appartiennent. De l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute; du Bosphore, &agrave; Emin&ouml;n&uuml; et &agrave; Sultan Ahmet, les bazars sont ouverts et les petites activit&eacute;s semblent poursuivre leur cours habituel, sauf qu&rsquo;il n&rsquo;y a plus de touristes. Les vieux ont disparu des bancs publics, et la marmaille ne r&eacute;sonne plus dans les rues. Lorsque le muezzin de la Sulaymaniyah appelle &agrave; la pri&egrave;re, plus personne ne lui r&eacute;pond. L&rsquo;heure est peut-&ecirc;tre &agrave; la m&eacute;ditation et &agrave; l&rsquo;introspection. Un&nbsp;plan&nbsp;de&nbsp;14&nbsp;milliards&nbsp;d'euros&nbsp;pour&nbsp;soutenir&nbsp;l&rsquo;&eacute;conomie Sur le plan &eacute;conomique la strat&eacute;gie turque est on ne peut plus claire : &nbsp;hors de question de paralyser l&rsquo;&eacute;conomie qui passe avant toute autre consid&eacute;ration, m&ecirc;me sanitaire, allant ainsi &agrave; l&rsquo;encontre de l&rsquo;appel des m&eacute;decins qui pr&ocirc;nent un confinement total. Pourtant la politique du show must go on a ses limites. Et pour cause, l&rsquo;activit&eacute; touristique qui repr&eacute;sente 5% du PIB, est totalement &agrave; l&rsquo;arr&ecirc;t et plus d&rsquo;un million de travailleurs que compte le secteur se retrouvent au ch&ocirc;mage. C&rsquo;est aussi pour cela qu&rsquo;un plan de 14 milliards d'euros a &eacute;t&eacute; d&eacute;ploy&eacute; pour soutenir l'&eacute;conomie qui reste fragile. L&rsquo;industrie alimentaire est fortement li&eacute;e &agrave; l&rsquo;activit&eacute; des h&ocirc;tels et des restaurants et elle en paye d&eacute;j&agrave; le prix. &nbsp;R&eacute;ductions d'imp&ocirc;ts pour les entreprises et aides financi&egrave;res pour les foyers modestes serait aussi au programme d&rsquo;Ankara dans les prochains jours. Erdoğan a &eacute;galement fait appel aux dons. La campagne nationale de collecte de fonds aurait d&eacute;j&agrave; atteint 1,5 milliard de TL (220 millions de dollars). Les Turcs se mobilisent. Mais &agrave; l&rsquo;heure o&ugrave; les plus riches se retirent dans leurs maisons secondaires en Asie, le petit peuple stambouliote continue de vivre au jour le jour et le bateau reste le moyen le plus efficace pour traverser la ville &eacute;cartel&eacute;e. M&ecirc;me si l&rsquo;activit&eacute; portuaire est r&eacute;duite, les vaporettos desservent toujours les &icirc;les pour ne pas isoler ses habitants. B&uuml;y&uuml;kada, la plus touristique et la plus grande des &icirc;les des princes est plut&ocirc;t silencieuse. Happ&eacute;e ces derni&egrave;res ann&eacute;es par les estivants saoudiens, ses innombrables caf&eacute;s et restaurants survivront-ils longtemps &agrave; l&rsquo;absence des riches rentiers du Golfe ? Sur le bateau qui m&egrave;ne aux &icirc;les, un violoniste joue un air triste. On se croirait sur le Titanic avant le naufrage&hellip; Un peu plus tard et sans aucune raison apparente, un couple se met &agrave; danser et apporte un peu de joie et de bonne humeur aux voyageurs. C&rsquo;est aussi cela, le confinement alla turca, et m&ecirc;me s&rsquo;il y a de ce c&ocirc;t&eacute;-l&agrave; de la mer de Marmara un peu plus de l&eacute;g&egrave;ret&eacute; et d&rsquo;insouciance, elle n&rsquo;a pas dur&eacute; longtemps ! Le 10 avril, tard dans la soir&eacute;e, l&rsquo;annonce d&rsquo;un confinement total de 48 heures de 31 villes dont Ankara et Istanbul est faite &agrave; la h&acirc;te. Les derniers Bakkals (petites &eacute;piceries de quartier) ont &eacute;t&eacute; pris d&rsquo;assaut. Les rues &eacute;taient &agrave; nouveau bond&eacute;es, rappelant ces temps devenus d&eacute;j&agrave; anciens, d&rsquo;avant le Covid-19 ! En se rapprochant de minuit, l&rsquo;heure du couvre-feu, la rue s&rsquo;est transform&eacute;e, vid&eacute;e. Le Boulevard Istiklal, l&rsquo;une des plus grandes art&egrave;res commer&ccedil;antes d&rsquo;Istanbul, s&rsquo;est peupl&eacute; d&rsquo;enfants des rues cherchant querelle et tra&icirc;nant leurs col&egrave;res et couvertures dans les froides rues de la ville. Ils sont devenus d&rsquo;un coup, nombreux, visibles. Deux jours plus tard, le ministre de l&rsquo;int&eacute;rieur S&uuml;leyman Soylu, s&eacute;v&egrave;rement critiqu&eacute; suite &agrave; sa mauvaise gestion du confinement, d&eacute;missionne. Un coup de th&eacute;&acirc;tre qui sera suivi d&rsquo;un autre : Erdoğan refuse de le cong&eacute;dier. Le feuilleton turc continue&hellip;
13/04/2020 - Toute reproduction interdite &nbsp;
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Turquie : Entre déni et urgence

Erdogan et le sport Turc

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Jouer une Coupe du Monde en plein &eacute;t&eacute; au Qatar rel&egrave;ve au mieux de l'inconscience. Et pourtant, Doha a malgr&eacute; tout obtenu l'organisation de la Coupe du Monde 2022. 50 degr&eacute;s l'&eacute;t&eacute;&nbsp;: une aberration. L'&eacute;mirat avait pourtant bien trouv&eacute; la solution&nbsp;: climatiser les stades. Mais cela co&ucirc;te cher et se r&eacute;v&egrave;le difficilement envisageable sur le plan &eacute;cologique. Refroidir des stades, pourquoi pas, mais tout un pays&nbsp;?
50 degr&eacute;s l'&eacute;t&eacute; et le football international confront&eacute; &agrave; une question de taille&nbsp;: d&eacute;placer le Mondial en hiver, en d&eacute;cembre 2022, avec des jeux de pouvoir au c&oelig;ur de cet imbroglio. Et l'ancien Pr&eacute;sident de la FIFA, Sepp Blatter, de sauter sur l'occasion dans L'Equipe&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;Le Mondial 2022 a &eacute;t&eacute; attribu&eacute; pour se d&eacute;rouler durant les mois de juin et de juillet. Pour qu'il y ait un changement de dates, les Qataris doivent en faire la demande au comit&eacute; ex&eacute;cutif. Ils savent que s'ils affectent les conditions de base de la d&eacute;signation, ils s'exposent &agrave; ce que les autres pays candidats (Etats-Unis, Cor&eacute;e, Japon, Australie) en contestent le bien-fond&eacute; aupr&egrave;s de la FIFA. Cela pourrait conduire &agrave; proc&eacute;der &agrave; un nouveau vote&nbsp;&raquo;. Coup de &laquo; canif &raquo; de la part du Suisse lors de son duel avec Platini, &agrave; une &eacute;poque o&ugrave; les deux hommes s'opposaient sur tous les sujets, et sur fond d'&eacute;lection &agrave; la pr&eacute;sidence de la FIFA... Les pol&eacute;miques ont en effet &eacute;t&eacute; nombreuses, comme quasiment tous les sujets li&eacute;s &agrave; la d&eacute;signation du Qatar pour 2022, et le conflit a dur&eacute;, notamment avec les ligues europ&eacute;ennes ne souhaitant pas modifier leur calendrier... A l'image du championnat d'Angleterre qui ne voulait surtout pas sacrifier son &laquo;&nbsp;boxing day&nbsp;&raquo;, la p&eacute;riode des f&ecirc;tes de No&euml;l o&ugrave; se disputent plusieurs journ&eacute;es de&nbsp;Premier League.
Impossible de jouer l'&eacute;t&eacute;, &eacute;videmment, la commission m&eacute;dicale de la FIFA s'&eacute;tant m&ecirc;me prononc&eacute;e en ce sens bien avant le vote final... Alors vive la Coupe du Monde entre automne et hiver, malgr&eacute; des temp&ecirc;tes de sables parfois destructrices, et potentiellement mortelles. Ceux qui ont v&eacute;cu l&agrave;-bas le savent, les temp&eacute;ratures sont peut-&ecirc;tre plus cl&eacute;mentes au Qatar, mais pas les vents, qui charrient un sable du d&eacute;sert si fin, qu'il s'engouffre m&ecirc;me dans les maisons, sous les portes et les fen&ecirc;tres, et qui charrie parfois les poutres des chantiers de construction sur plusieurs dizaines de m&egrave;tres ...
Alors comment la FIFA a-t-elle pu laisser faire&nbsp;? Tout simplement pour une question d'argent, le Qatar &eacute;tant le grand financier du football mondial&nbsp;: propri&eacute;taire du PSG, d&eacute;tenteur de droits TV un peu partout dans le monde (Ligue 1, Ligue des Champions, Ligue Europa, championnat d'Espagne, Coupes du Monde 2018 et 2022), de cha&icirc;nes de t&eacute;l&eacute;vision (BeIn Sports, Al Jazeera Sport...) ... En clair, le grand argentier de la FIFA.
&laquo;&nbsp;Il n'y a pas l'ambiance pour une Coupe du Monde de football... Sans compter les conditions climatiques. Quelles seront les retomb&eacute;es alors qu'il n'y a presque pas de clubs de football dans ce pays&nbsp;? Tout ceci sert &agrave; satisfaire une m&eacute;galomanie car on pense pouvoir tout faire avec de l'argent. C'est grave que le sport se pr&ecirc;te &agrave; &ccedil;a&nbsp;&raquo;, &eacute;voquait Theo Zwanziger, ex-membre allemand du comit&eacute; ex&eacute;cutif de la FIFA dans&nbsp;Pr&eacute;sident Platini (Grasset).
Les grands perdants de l'attribution du Mondial 2022&nbsp;(Etats-Unis, Australie et Cor&eacute;e du Sud) auraient pu d&eacute;poser plainte. Ils ne l'ont pas fait, et laisseront des millions de fans affronter, &agrave; l'hiver 2022, d'immenses temp&ecirc;tes rendant la vie impossible &agrave; tout un pays.
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29/03/2019 - Toute reproduction interdite
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Qatar : Canicule l'été, tempêtes de sable l'hiver, le Mondial 2022 pris au piège

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Le journal islamo-nationaliste turc, Yeni Safak, a salu&eacute; l&rsquo;ex&eacute;cution, le 12 octobre, de la femme politique kurde Hevrin Khalaf, perp&eacute;tr&eacute;e dans le nord de la Syrie. &laquo; La secr&eacute;taire g&eacute;n&eacute;rale du Parti du Futur de la Syrie, li&eacute;e au parti politique terroriste PYD, a &eacute;t&eacute; mise hors d&rsquo;&eacute;tat de nuire&nbsp;&raquo; &nbsp;indique-t-il dans ses colonnes. Disons-le tout net. Cet article, indigne, est une honte, une horreur absolue. Dans le m&ecirc;me temps, depuis le 9 octobre, l&rsquo;arm&eacute;e turque et ses miliciens &lsquo;suppl&eacute;tifs&rsquo; affrontent les forces kurdes du nord-est de la Syrie, qualifi&eacute;es de &laquo; terroristes &raquo; alors qu&rsquo;elles ont combattu Daesh aux c&ocirc;t&eacute;s des Occidentaux. Dans ce contexte de fureur et de sang, pr&egrave;s de 800 proches de djihadistes se sont &eacute;vad&eacute;s suite &agrave; des bombardements turcs, tandis que les &laquo; miliciens &raquo; arabes d&rsquo;Ankara auraient massacr&eacute;s des civils.Ce qui se passe l&agrave;-bas est dramatique. Car les Kurdes luttent contre le m&ecirc;me ennemi que l&rsquo;Occident : l&rsquo;islamisme.

Arr&ecirc;tons&nbsp;d&rsquo;&ecirc;tre&nbsp;l&acirc;ches

Rappelons que la Turquie a &eacute;t&eacute; le point de passage de la plupart des &eacute;l&eacute;ments de Daesh et Al Qa&iuml;da depuis le d&eacute;but de la guerre civile en Syrie. Rappelons que Erdogan est l&rsquo;un des soutiens principaux de l&rsquo;organisation islamiste des Fr&egrave;res Musulmans, matrice id&eacute;ologique de mouvements terroristes tels Al Qa&iuml;da et Daesh. Que le m&ecirc;me Erdogan, admirateur du r&eacute;gime nazi, parle de r&eacute;tablir un califat en 2024 !

Va-t-on&nbsp;continuer&nbsp;&agrave;&nbsp;le&nbsp;laisser&nbsp;faire&nbsp;?

Va-t-on&nbsp;continuer&nbsp;&agrave;&nbsp;&ecirc;tre&nbsp;l&acirc;che&nbsp;?

Qu&rsquo;il s&rsquo;agisse du Pr&eacute;sident Turc, ou des terroristes qui tuent chez nous au nom de l&rsquo;islamisme, il est bien temps de stopper &laquo; l&rsquo;hydre islamiste &raquo; (dixit le pr&eacute;sident Macron), qui n&rsquo;a rien &agrave; envier &agrave; celui que d&eacute;ploy&egrave;rent les nazis en leur temps. Si nous n&rsquo;agissons pas vite, nous entrerons alors dans une &egrave;re de t&eacute;n&egrave;bres. Encore une fois : ce qui se passe l&agrave;-bas a des cons&eacute;quences directes ici.

&laquo; Vous avez voulu &eacute;viter la guerre au prix du d&eacute;shonneur. Vous avez le d&eacute;shonneur et vous aurez la guerre&nbsp;&raquo; &nbsp;aurait dit Churchill &agrave; Neville Chamberlain apr&egrave;s la conf&eacute;rence de Munich, en 1938.

Si l&rsquo;on ne stoppe pas Erdogan, c&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment ce qui nous attend : la honte, et le d&eacute;shonneur.

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14/10/2019 - Toute reproduction interdite

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Erdogan, l’un des visages de l’hydre islamiste

&nbsp;Les hommes politiques ou les hommes d&rsquo;&Eacute;tat qui n&rsquo;ont pas un ego surdimensionn&eacute; sont assez rares&hellip; Rien n&rsquo;est plus vrai concernant Recep Tayyip Erdogan. On peut en effet dire que le sulfureux pr&eacute;sident turc poss&egrave;de une personnalit&eacute; forte et charismatique.

Souvent compar&eacute; &agrave; un nouveau Sultan, le pr&eacute;sident du Parti de la justice et du d&eacute;veloppement (AKP, branche des Fr&egrave;res musulmans turcs) au pouvoir depuis 2003 (Premier ministre de 2003 &agrave; 2014 et Pr&eacute;sident de la R&eacute;publique de Turquie depuis 2014) s&rsquo;est toujours identifi&eacute; aux anciens monarques de l&rsquo;Empire Ottoman. L&#39;extr&ecirc;me personnalisation de son projet politique fait qu&#39;il reprend beaucoup des oripeaux de la splendeur pass&eacute;e de la Sublime porte.

Rus&eacute;, habile, opportuniste et pragmatique, Erdogan a, au fil des ann&eacute;es, r&eacute;islamis&eacute; progressivement son pays et consolid&eacute; son pouvoir autoritaire en &eacute;cartant et muselant l&rsquo;arm&eacute;e, pilier de l&rsquo;Etat turc et principale garante de la &laquo;&nbsp;la&iuml;cit&eacute;&nbsp;&raquo; turque depuis les ann&eacute;es 1930. La tentative de coup d&rsquo;Etat rat&eacute;e en juillet 2016, lui a permis &eacute;galement d&rsquo;effectuer de nouvelles purges au sein de la puissante institution militaire mais aussi de r&eacute;duire au silence, par des milliers d&rsquo;arrestations, ses adversaires politiques, des d&eacute;put&eacute;s, des journalistes ou des avocats...

A l&rsquo;international, depuis plus de quinze ans, la Turquie d&rsquo;Erdogan a op&eacute;r&eacute;, avec un certain succ&egrave;s, une v&eacute;ritable OPA sur l&rsquo;islam de France et d&rsquo;Europe. Prenant la direction de centaines de mosqu&eacute;es principalement dans l&rsquo;Hexagone et en Allemagne, elle a fond&eacute; de nombreuses &eacute;coles coraniques et associations &agrave; la solde des islamistes turcs. En M&eacute;diterran&eacute;e et au Moyen-Orient, toujours gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;argent de son alli&eacute;, le Qatar, grand argentier des Fr&egrave;res musulmans dans le monde, le Pr&eacute;sident turc s&rsquo;est lanc&eacute; dans de nombreux projets h&eacute;g&eacute;moniques et d&rsquo;influence dans le but avou&eacute; de prendre le leadership (si possible islamique) du monde sunnite. Ainsi, &agrave; partir de 2011 et des Printemps arabes, l&rsquo;objectif d&rsquo;Ankara et Doha fut limpide&nbsp;: Attiser les r&eacute;voltes, r&eacute;cup&eacute;rer les mouvements populaires pour les transformer en victoires &eacute;lectorales afin d&rsquo;installer &agrave; Tunis, Le Caire, Tripoli et Damas la confr&eacute;rie des Fr&egrave;res musulmans&nbsp;! Or, leur projet fut un fiasco. &Agrave; l&rsquo;&eacute;chec de cette entreprise, il faut ajouter l&rsquo;arriv&eacute;e &agrave; la Maison-Blanche de Donald Trump, hostile &agrave; Erdogan et aux mouvements islamistes.

Le nouveau pr&eacute;sident des &Eacute;tats-Unis s&rsquo;&eacute;vertue en effet &agrave; mettre fin &agrave; une certaine bienveillance paradoxale des anciennes administrations am&eacute;ricaines pour la Turquie, le Qatar et l&rsquo;islam politique en g&eacute;n&eacute;ral. D&egrave;s sa prise de fonction, il demande &agrave; l&rsquo;&eacute;mir Al-Thani - comme Poutine d&rsquo;ailleurs &ndash; qu&rsquo;il cesse son soutien aux Fr&egrave;res musulmans. En vain. Doha ne pouvait se permettre de perdre son seul levier d&rsquo;influence g&eacute;opolitique.

N&rsquo;oublions pas la r&eacute;volution de palais en Arabie saoudite qui a vu la mont&eacute;e en puissance du jeune prince h&eacute;ritier Mohammed Ben Salman. Pour appliquer ses r&eacute;formes socio-&eacute;conomiques drastiques, imposer son futur pouvoir monarchique absolu et sous la pression de Trump et du Kremlin, MBS d&eacute;cide alors un grand nettoyage des &eacute;curies du salafisme dans son royaume mais aussi dans la r&eacute;gion. Ceci tout en imposant un blocus commercial du Qatar&nbsp;!

Pour autant, Al-Thani et Erdogan ne pouvaient se r&eacute;soudre &agrave; perdre la partie et mis&egrave;rent sur l&rsquo;attaque, bien connue pour &ecirc;tre la meilleure des d&eacute;fenses. C&rsquo;est pourquoi, &agrave; partir du printemps 2019, le Pr&eacute;sident turc, en v&eacute;ritable janissaire et homme de main du petit &eacute;mirat du Golfe, passe &agrave; l&rsquo;offensive et relance tous azimuts sa politique n&eacute;o-ottomane et panislamiste dans les Balkans (Bosnie, Kosovo et Albanie), dans le Caucase (Azerba&iuml;djan), en Afrique, &agrave; Gaza (en soutien au Hamas), en Syrie (Idlib), en Tunisie (en s&rsquo;affichant ouvertement comme le parrain des Fr&egrave;res musulmans tunisiens de retour au c&oelig;ur du pouvoir) et enfin, en Libye (pour contrer l&rsquo;offensive d&rsquo;Haftar sur Tripoli). D&rsquo;autant plus que la pand&eacute;mie du Coronavirus, qui a paralys&eacute; le monde entier &agrave; partir de mars 2020, est tomb&eacute;e &agrave; point nomm&eacute;. Au passage, rappelons que pour les islamistes, le Covid n&rsquo;est qu&rsquo;un ch&acirc;timent divin envoy&eacute; du ciel pour frapper les m&eacute;cr&eacute;ants et, dans l&rsquo;absolu, aider &agrave; l&rsquo;av&egrave;nement de leur h&eacute;g&eacute;monie... En attendant, une crise &eacute;conomique sans pr&eacute;c&eacute;dent touche d&eacute;sormais l&rsquo;Occident. Trump, en grande difficult&eacute;, n&rsquo;est plus certain d&rsquo;&ecirc;tre r&eacute;&eacute;lu en novembre prochain. Il suffit donc &agrave; Erdogan de tenir jusque l&agrave;, en esp&eacute;rant que l&rsquo;establishment am&eacute;ricain (o&ugrave; le Qatar poss&egrave;de encore de nombreux d&eacute;biteurs) vienne enfin &agrave; bout de l&rsquo;actuel locataire de la Maison-Blanche. Et surtout, que la crise des finances mondiales, qui touche aussi ses adversaires g&eacute;opolitiques de la r&eacute;gion, jette &agrave; nouveau dans les rues arabes les protestataires afin d&rsquo;entamer le second round des Printemps arabes.

Ne perdons pas de vue que si Erdogan provoque et bombe le torse avec arrogance, il ne fait que bluffer, tr&egrave;s bien servi en cela par l&rsquo;efficacit&eacute; des r&eacute;seaux d&rsquo;influence et de la propagande qatarie. Comme je l&rsquo;ai &eacute;crit dans des &eacute;ditos pr&eacute;c&eacute;dents, il est en mode swindle. Aux &eacute;checs, le swindle (de l&#39;anglais arnaque, escroquerie) consiste &agrave; tenter de renverser une position ou une partie perdue d&rsquo;avance, en jouant le tout pour le tout et en essayant de tendre des pi&egrave;ges ou en misant sur des coups inattendus. Car la Turquie n&rsquo;est plus en r&eacute;alit&eacute; qu&rsquo;un Sublime... portillon&nbsp;! Elle est en grande difficult&eacute; financi&egrave;re (l&rsquo;&eacute;conomie turque est sous perfusion du Qatar, lui-m&ecirc;me tr&egrave;s affaibli par la crise sanitaire du Covid). Isol&eacute; diplomatiquement, sa politique expansionniste neo-ottomane est tr&egrave;s mal v&eacute;cue dans le monde arabe, pour des raisons historiques &eacute;videntes. Seuls les islamistes voient en Erdogan leur mod&egrave;le et leur nouveau grand leader. Le Qatar n&rsquo;est pas &agrave; l&rsquo;abri d&rsquo;un coup d&rsquo;Etat foment&eacute; par Riyad et Abou Dabi. Quant au &laquo;&nbsp;partenariat&nbsp;&raquo; russo-turc notamment en Syrie, il est tr&egrave;s fragile et peut voler en &eacute;clats &agrave; chaque instant. Les d&eacute;saccords demeurent profonds et la patience russe a aussi ses limites...

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Erdogan fragilis&eacute; sur le plan int&eacute;rieur

Sur le plan int&eacute;rieur, la situation d&rsquo;Erdogan n&rsquo;est pas brillante non plus. Malgr&eacute; les purges et une r&eacute;pression f&eacute;roce, sa gestion de la crise sanitaire est fortement critiqu&eacute;e, la situation sociale se d&eacute;t&eacute;riore de jour en jour, la col&egrave;re couve, la gu&eacute;rilla kurde peut &agrave; tout moment reprendre dans le sud et l&rsquo;est du pays et ses opposants lui ont r&eacute;cemment ravi les municipalit&eacute;s d&#39;Istanbul et d&#39;Ankara... De fait, son ambitieuse politique r&eacute;gionale n&eacute;o-ottomane est &eacute;galement, pour le pr&eacute;sident turc, un moyen de jouer avec la fibre nationaliste et ainsi galvaniser son peuple, regagner son appui et affaiblir l&#39;opposition.

Ses ultimes provocations, avec sa d&eacute;cision de convertir l&rsquo;ex-basilique Sainte-Sophie en mosqu&eacute;e et sa r&eacute;cente d&eacute;claration promettant &laquo;&nbsp;la lib&eacute;ration d&rsquo;Al-Aqsa&nbsp;&raquo;, ne sont que les derniers exemples de cette strat&eacute;gie o&ugrave; s&rsquo;imbriquent &laquo;&nbsp;grandeur internationale&nbsp;&raquo;, nouveaux d&eacute;bouch&eacute;s commerciaux et reprise en main int&eacute;rieure.

Si la Russie et l&rsquo;axe Egypto-Saoudo-Emirati sont d&eacute;termin&eacute;s &agrave; contrecarrer les plans turcs en M&eacute;diterran&eacute;e (la base turque d&rsquo;al-Watiya en Libye a &eacute;t&eacute; bombard&eacute;e dans la nuit du 4 au 5 juillet dernier par des avions non identifi&eacute;s...), il n&rsquo;en est pas de m&ecirc;me pour les Occidentaux. L&rsquo;Occident et particuli&egrave;rement l&rsquo;Europe ne sont plus que des zombies moribonds. Actuellement, seules la Gr&egrave;ce et la France semblent vouloir s&rsquo;opposer &agrave; la Turquie. Mais pour combien de temps&nbsp;? Ce que craignent par-dessus tout les dirigeants europ&eacute;ens, c&rsquo;est une nouvelle arriv&eacute;e massive de r&eacute;fugi&eacute;s sur leurs c&ocirc;tes. C&rsquo;est pourquoi, Angela Merkel, comme d&rsquo;autres, pr&eacute;f&egrave;re rester silencieuse, c&eacute;der au chantage et au racket d&rsquo;Ankara et ainsi payer des milliards pour qu&rsquo;Erdogan n&rsquo;ouvre pas les vannes&nbsp;! D&eacute;but juin, l&rsquo;Union europ&eacute;enne a approuv&eacute; d&rsquo;ailleurs une rallonge d&rsquo;un demi-milliard d&rsquo;euros &agrave; destination de la Turquie. Cette nouvelle enveloppe fut valid&eacute;e par le Parlement et propos&eacute;e par la Commission elle-m&ecirc;me&nbsp;!&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;

Pourtant, il suffirait que nos responsables politiques s&rsquo;unissent, ferment ipso facto et manu militari les fronti&egrave;res ext&eacute;rieures europ&eacute;ennes (comme la Hongrie) et rejettent cat&eacute;goriquement toute nouvelle vague de migrants, tout en combattant s&eacute;rieusement sur leurs propres sols et en M&eacute;diterran&eacute;e, ce v&eacute;ritable poison qu&rsquo;est l&rsquo;islam politique. Quand comprendront-ils qu&rsquo;il en va tout simplement de notre survie&nbsp;? Si par miracle cette r&eacute;volution copernicienne se produisait dans le cerveau de nos &eacute;lites, les Europ&eacute;ens pourraient alors voter de lourdes sanctions commerciales et &eacute;conomiques visant la Turquie (comme nous le faisons injustement pour la Russie) et enfin revoir les statuts et les objectifs de l&rsquo;OTAN. Car comment pouvons-nous encore accepter au sein de cette organisation, un pays qui est ouvertement devenu aujourd&rsquo;hui le principal ennemi g&eacute;opolitique de l&rsquo;Occident&nbsp;?

Il ne tiendrait qu&rsquo;&agrave; nous, par exemple, que la Libye devienne une nouvelle L&eacute;pante moderne pour la Turquie.&nbsp;

Pour paraphraser le r&eacute;volutionnaire Vergniaud, Erdogan n&rsquo;est grand que parce que nous sommes &agrave; genoux.

En 1571, les chefs chr&eacute;tiens ne s&rsquo;agenouillaient que pour prier leur Dieu.

Or depuis, les temps ont bien chang&eacute;. Le nouveau Sultan a compris qu&rsquo;aujourd&rsquo;hui nous sommes faibles et que nous sommes loin de nous opposer &agrave; lui.

Lui qui ne comprend que les rapports de force, sait pertinemment que ceux-ci ne lui seront jamais impos&eacute;s par des gens pour qui la g&eacute;nuflexion, devant n&rsquo;importe qui ou n&rsquo;importe quoi, est malheureusement devenue une tradition...

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Roland Lombardi est&nbsp;historien, consultant en g&eacute;opolitique et sp&eacute;cialiste du Moyen-Orient. Il est&nbsp;analyste et &eacute;ditorialiste pour GlobalGeoNews. Il est&nbsp;l&#39;auteur de plusieurs articles sp&eacute;cialis&eacute;s.&nbsp;Ses&nbsp;derniers ouvrages sont&nbsp;Les trente honteuses,&nbsp;ou la fin de l&#39;influence fran&ccedil;aise dans le monde arabe et musulman&nbsp;(VA Editions, 2019)&nbsp;et&nbsp;Poutine d&#39;Arabie, comment la Russie est devenue incontournable en M&eacute;diterran&eacute;e et au Moyen-Orient&nbsp;(VA Editions, 2020).

<a href="https://twitter.com/rlombardi2014">@rlombardi2014</a>

<a href="https://www.facebook.com/Roland-Lombardi-148723348523778/">https://www.facebook.com/Roland-Lombardi-148723348523778</a>

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13/07/2020 - Toute reproduction interdite

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