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Juan Guaid&oacute;, le pr&eacute;sident de l&rsquo;Assembl&eacute;e Nationale du Venezuela, autoproclam&eacute; &laquo;&nbsp;Pr&eacute;sident par int&eacute;rim&nbsp;&raquo; en janvier dernier est apparu le 30 d&rsquo;avril entour&eacute; de plusieurs soldats &agrave; la base militaire de La Carlota en plein centre de la capitale v&eacute;n&eacute;zu&eacute;lienne. A c&ocirc;t&eacute; de lui se trouvait Leopoldo Lopez, fondateur du parti Voluntad Popular, tuteur politique de Guaid&oacute; et jusqu&rsquo;&agrave; ce jour, le prisonnier politique le plus important du gouvernement de Maduro. Il avait &eacute;t&eacute; condamn&eacute; &agrave; la r&eacute;sidence sous surveillance en 2017, apr&egrave;s 3 ans de prison ferme pour r&eacute;bellion et incitation &agrave; la violence. Tous les deux ont lanc&eacute; un appel massif de soutien &agrave; la population &agrave; ce qu&rsquo;ils ont baptis&eacute; &laquo;&nbsp;Op&eacute;ration libert&eacute;&nbsp;&raquo; et, qui supposait &ecirc;tre l&rsquo;&eacute;tape finale du gouvernement du pr&eacute;sident Maduro. Ils affirmaient avoir le soutien d&rsquo;une partie de l&rsquo;arm&eacute;e et ont appel&eacute; toute la population &agrave; descendre dans les rues pour mener &agrave; son point final &nbsp;la lib&eacute;ration d&eacute;finitive du pays et en c&eacute;l&eacute;brer le triomphe. Toutefois, &agrave; la fin d&rsquo;une journ&eacute;e marqu&eacute;e par l&rsquo;incertitude, la violence et la consternation, le fugitif Leopoldo Lopez a fini par se refugier d&rsquo;abord &agrave; la r&eacute;sidence diplomatique du Chili, ensuite dans la r&eacute;sidence diplomatique d&rsquo;Espagne. Au m&ecirc;me moment, Juan Guaid&oacute;, sans donner aucune explication sur les &eacute;v&egrave;nements politiques de la journ&eacute;e, a fait appel au peuple v&eacute;n&eacute;zu&eacute;lien pour continuer la pression sur le gouvernement et intensifier l&rsquo;organisation du mouvement de protestation le lendemain, le 1er Mai.

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Tous les euph&eacute;mismes ont &eacute;t&eacute; invent&eacute;s ce jour l&agrave; pour nommer ce qui a &eacute;t&eacute; tout simplement un coup d&rsquo;Etat manqu&eacute;. Pour la plupart des soutiens &agrave; l&rsquo;opposition il s&rsquo;agissait, au contraire de &laquo;&nbsp;reprendre le fil constitutionnel&nbsp;&raquo;. Mais, peut-on reprendre la l&eacute;galit&eacute; institutionnelle d&rsquo;un pays en appelant &agrave; un soul&egrave;vement militaire et en prenant le pouvoir par la force? &nbsp;A l&rsquo;instar de la tentative de coup d&rsquo;Etat organis&eacute; par l&rsquo;opposition v&eacute;n&eacute;zu&eacute;lienne contre Hugo Chavez en 2002, cette strat&eacute;gie cherchait &agrave; susciter le ralliement de l&rsquo;&eacute;tat major des forces arm&eacute;es du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;opposition, ainsi que la d&eacute;fection massive des militaires loyaux au Pr&eacute;sident Maduro. Toutefois, le r&eacute;sultat a &eacute;t&eacute; cruellement honteux et inefficace. Or, non seulement la d&eacute;fection des membres des forces arm&eacute;es a &eacute;t&eacute; minoritaire, mais en plus, le soul&egrave;vement a &eacute;t&eacute; &eacute;touff&eacute; avec un minimum de pertes et de mobilisation op&eacute;rationnels de la part du gouvernement. Le bilan est lourd pour le camp de Guaid&oacute; et ses alli&eacute;s internationaux. Car, au lieu de faire basculer l&rsquo;establishment ou m&ecirc;me de fragiliser le leadership de Maduro, celui-ci est plut&ocirc;t ressorti fortifi&eacute; et plus solide autant au niveau national qu&rsquo;au niveau international.

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Malgr&eacute; tous les efforts de la part de Guaid&oacute; de convaincre les membres des Forces Arm&eacute;es Bolivariennes (FAB) de rejoindre le camp de l&rsquo;opposition, il n&rsquo;a, malgr&eacute; tout, pas r&eacute;ussi &agrave; &eacute;veiller l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t des hauts officiers loyaux &agrave; Maduro. Depuis janvier on comptabilise &agrave; peu pr&egrave;s 1500 soldats d&eacute;serteurs des FAB, dont une bonne partie d&rsquo;entre eux se retrouvent exil&eacute;s en Colombie, Br&eacute;sil et aux Etats Unis. Mais, ce nombre est insignifiant si l&rsquo;on consid&egrave;re que l&rsquo;arm&eacute;e v&eacute;n&eacute;zu&eacute;lienne repr&eacute;sente un effectif de 250.000 soldats sans compter les milices, lesquelles repr&eacute;sentent 3 millions de membres qui ont r&eacute;cemment int&eacute;gr&eacute;, &eacute;galement, le corps des Forces Arm&eacute;es Bolivariennes<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>.

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Pour Elliott Abrams, envoy&eacute; sp&eacute;cial du gouvernement des&nbsp; &Eacute;tats-Unis pour le Venezuela, la raison du manque d&rsquo;adh&eacute;sion des FAB au programme de &ldquo;transition d&eacute;mocratique&rdquo; pr&eacute;sid&eacute; par Guaid&oacute; est &agrave; chercher du c&ocirc;t&eacute; des ing&eacute;rences russes et cubaines au sein des FAB. Pour lui&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ce sont eux qui contr&ocirc;lent, qui gardent &agrave; l&rsquo;&oelig;il les g&eacute;n&eacute;raux et les colonels&nbsp; et ce sont surtout eux qui se chargent d&rsquo;incarc&eacute;rer et de sanctionner&nbsp;ceux qui montreraient des signes de dissidence&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>.&nbsp; Ceci explique pourquoi le 30 avril, au moment o&ugrave; se concr&eacute;tisait &nbsp;l&rsquo;&eacute;chec de la tentative de soul&egrave;vement militaire au Venezuela, le pr&eacute;sident Trump mena&ccedil;ait La Havane avec un &laquo;&nbsp;embargo total&nbsp;&raquo; si &laquo;&nbsp;les troupes et les milices cubaines&nbsp;&raquo; ne cessaient pas, imm&eacute;diatement, leurs op&eacute;rations militaires au Venezuela. De m&ecirc;me quelques minutes plus t&ocirc;t, Mike Pompeo, le secr&eacute;taire d&rsquo;Etat am&eacute;ricain, accusait la Russie d&rsquo;emp&ecirc;cher le d&eacute;part de Maduro du palais pr&eacute;sidentiel en lui recommandant d&rsquo;y rester.

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Mais il est invraisemblable que le soutien de l&rsquo;arm&eacute;e au gouvernement de Maduro repose uniquement et exclusivement sur le soutien de ses alli&eacute;s internationaux. Le soutien de Moscou et de La Havane est ind&eacute;niable, mais pas suffisant pour comprendre le ressort de la loyaut&eacute; de l&rsquo;arm&eacute;e au chavismo. Hormis les dispositifs de contr&ocirc;le et de renseignement qui s&eacute;vissent au sein des FAB pour mitiger et censurer la dissidence, la raison justifiant la m&eacute;fiance du secteur militaire envers l&rsquo;opposition est &agrave; chercher plut&ocirc;t du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;offre tr&egrave;s limit&eacute;e que ceux-ci proposent aux militaires qui se rallient &agrave; leur c&ocirc;t&eacute;. Or, jusqu&#39;&agrave; maintenant, le message de l&rsquo;opposition vers les forces arm&eacute;es a &eacute;t&eacute; un message moralisateur qui cherche &agrave; mobiliser les all&eacute;geances de l&rsquo;arm&eacute;e sur le plan &eacute;thique en affirmant leur responsabilit&eacute; et leur devoir de protection envers la soci&eacute;t&eacute; civile. Mais, force est de constater que cette strat&eacute;gie a montr&eacute; ses limites apr&egrave;s trois mois de tentatives de d&eacute;stabilisation et de renversement frustr&eacute;s. Certes, Guaid&oacute; a offert &agrave; plusieurs reprises une amnistie aux membres des forces arm&eacute;es qui d&eacute;cident de le rejoindre, mais pour un secteur militaire amplement coopt&eacute; par le client&eacute;lisme et par le contr&ocirc;le direct des secteurs cl&eacute;s de l&rsquo;&eacute;conomie nationale, une proposition d&rsquo;amnistie est nettement insuffisante. En effet, elle devrait &ecirc;tre accompagn&eacute;e d&rsquo;une offre claire et cr&eacute;dible des b&eacute;n&eacute;fices qui comporteraient pour les int&eacute;r&ecirc;ts corporatistes et individuels de l&rsquo;arm&eacute;e, le basculement d&rsquo;un r&eacute;gime vers un autre.

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Le d&eacute;sengagement de l&rsquo;arm&eacute;e de la sc&egrave;ne politique n&rsquo;est pas une d&eacute;marche facile. Il doit &ecirc;tre per&ccedil;u pour les militaires comme moins co&ucirc;teux que le maintien au pouvoir. Dans le cas v&eacute;n&eacute;zu&eacute;lien, le lien qui soude l&rsquo;alliance civile-militaire du gouvernement de Maduro repose sur une strat&eacute;gie de cooptation et de redistribution client&eacute;liste consistant &agrave; maintenir le contr&ocirc;le sur les militaires gr&acirc;ce &agrave; la concordance&nbsp; d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts &eacute;conomiques entre les dirigeants au sommet de la hi&eacute;rarchie civile et militaire. Arriver &agrave; briser ce lien implique de pouvoir construire un projet politique dans lequel les forces arm&eacute;es se voient clairement repr&eacute;sent&eacute;es, pas seulement au travers de valeurs et de principes &eacute;thiques&nbsp;communs, mais aussi au travers d&rsquo;une proposition claire qui permet au secteur militaire d&rsquo;&eacute;valuer les avantages institutionnels et individuels qui &nbsp;incluraient&nbsp; leur soutien au changement de la structure politique en vigueur propos&eacute; par le camp de Guaid&oacute;.

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Jusqu&rsquo;&agrave; maintenant rien ne permet d&rsquo;affirmer que le message v&eacute;hicul&eacute; par le chef de l&rsquo;opposition vise cette direction. Au contraire, avec la mont&eacute;e des sanctions am&eacute;ricaines et les menaces constantes &agrave; l&rsquo;encontre des membres du gouvernement et de l&rsquo;apparatchik militaire v&eacute;n&eacute;zu&eacute;lien, le r&eacute;sultat a &eacute;t&eacute;, en fait, de rendre plus solide et coh&eacute;sif le lien entre les divers secteurs qui se partagent le pouvoir en place.

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Le coup d&rsquo;&Eacute;tat manqu&eacute; du 30 avril a montr&eacute; la d&eacute;faillance des m&eacute;canismes de cooptation de l&rsquo;opposition envers le secteur militaire. Il r&eacute;v&egrave;le le manque de cr&eacute;dibilit&eacute; de l&rsquo;offre faite par l&rsquo;opposition, ainsi que de sa r&eacute;elle port&eacute;e institutionnelle au sein des m&eacute;canismes de l&eacute;gitimation d&eacute;mocratique de la r&eacute;gion. Car, force est de constater que le coup d&rsquo;&Eacute;tat est devenu un moyen tr&egrave;s banal de changement politique en Am&eacute;rique Latine, instituant &laquo;&nbsp;la violence comme moyen de combat politique&nbsp;&raquo;, ce qui va &agrave; l&rsquo;encontre de tous les m&eacute;canismes de stabilisation d&eacute;mocratique en vigueur &agrave; des niveaux h&eacute;misph&eacute;riques&nbsp;- y compris la charte d&eacute;mocratique de l&rsquo;OEA- et de toutes les &laquo;&nbsp;d&eacute;clarations de &nbsp;bonnes intentions&nbsp;&raquo; d&eacute;mocratiques d&eacute;fendues par les Etats Unis, qui se sont &eacute;rig&eacute;s en tant que &laquo;&nbsp;gardiens des valeurs d&eacute;mocratiques&nbsp;&raquo; au niveau plan&eacute;taire.

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Face &agrave; cet &eacute;pouvantable &eacute;chec, il devient urgent&nbsp;d&rsquo;op&eacute;rer un changement de strat&eacute;gie de l&rsquo;opposition et de ses alli&eacute;s internationaux. Car un changement de r&eacute;gime ne se fait jamais contre les militaires, il se fait au mieux avec, au minimum sans eux, ce qui dans le cas v&eacute;n&eacute;zu&eacute;lien est simplement impossible. D&eacute;s lors, la seule option cr&eacute;dible pour sortir de l&rsquo;impasse qui ravage le pays serait de trouver un accord politique n&eacute;goci&eacute; parmi les principaux secteurs et forces politiques du pays.

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Continuer &agrave; croire qu&rsquo;il est possible d&rsquo;envisager l&rsquo;abdication inconditionnelle de l&rsquo;adversaire n&rsquo;est qu&rsquo;une illusion qui comporte des cons&eacute;quences funestes pour&nbsp; l&rsquo;ensemble de la soci&eacute;t&eacute; v&eacute;n&eacute;zu&eacute;lienne. Aucun des camps en dispute ne se trouve en position d&rsquo;imposer &agrave; l&rsquo;autre sa volont&eacute; absolue, sans prendre le risque d&rsquo;initier une v&eacute;ritable spirale de violence qui pourrait s&rsquo;&eacute;tendre &agrave; toute la r&eacute;gion sud-am&eacute;ricaine.

C&rsquo;est ici que la communaut&eacute; internationale sous l&rsquo;&eacute;gide de l&rsquo;ONU pourrait jouer un r&ocirc;le de m&eacute;diation et d&rsquo;accompagnement essentiels pour &eacute;viter le pire. Elle pourrait contribuer &agrave; trouver un compromis qui permettrait de pr&eacute;venir une escalade vers les extr&ecirc;mes, et dans le m&ecirc;me temps de jeter les bases pour un accord politique cr&eacute;dible et durable.&nbsp; &nbsp;

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Le Venezuela a besoin de vaincre les t&eacute;n&egrave;bres de l&rsquo;incertitude et du d&eacute;sespoir. Il est possible de s&rsquo;orienter vers une solution politique &agrave; travers un dialogue lucide et &eacute;clair&eacute;. Bertolt Brecht disait &laquo;&nbsp;L&agrave; o&ugrave; r&egrave;gne la violence, il n&rsquo;est de recours qu&rsquo;en la violence, l&agrave; o&ugrave; se trouvent les hommes, seuls les hommes peuvent porter secours&nbsp;&raquo;. Nous sommes encore &nbsp;dans les temps pour porter ce secours si important&nbsp; au peuple v&eacute;n&eacute;zu&eacute;lien et pour la stabilit&eacute; politique de la r&eacute;gion.

07/05/2019&nbsp; - Toute reproduction interdite

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<a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a> https://fr.sputniknews.com/international/201904141040739882-venezuela-milices-maduro-armee/

<a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a> https://www.washingtonpost.com/world/national-security/as-venezuelas-misery-grows-us-focus-shifts-to-cubas-role/2019/03/26/05fedfa0-4b2c-11e9-b79a-961983b7e0cd_story.html?utm_term=.c185aa4a61ac

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Mar&eacute;chal, tout d&#39;abord, comment analysez-vous les lendemains de la r&eacute;volution qui a d&eacute;vast&eacute; une partie de votre pays&nbsp;? 

La r&eacute;volution de f&eacute;vrier 2011, tout le monde le sait, a commencé de mani&egrave;re extr&ecirc;mement logique. La population libyenne était en effet fatigu&eacute;e, &eacute;puis&eacute;e par les d&eacute;rives et les violences du r&eacute;gime en place. Au d&eacute;but, il s&rsquo;agissait d&rsquo;un soul&egrave;vement populaire, les libyens &eacute;tant, je le redis, &eacute;puis&eacute;s par le r&eacute;gime de Kadhafi qui avait commis le pire. Mais le mouvement fut malheureusement &laquo; kidnappé &raquo; par la mouvance islamiste et les milices arm&eacute;es qui ont instauré la violence. J&rsquo;insiste là sur le fait qu&rsquo;il s&rsquo;agissait de violences et d&rsquo;exactions qui &eacute;taient programm&eacute;es ... Celles-ci ont fait des milliers de victimes au sein de la société, parmi lesquelles des avocats, des journalistes, des juges, mais aussi des policiers et des militaires. En agissant ainsi, l&rsquo;objectif de ces milices était de d&eacute;stabiliser le pays et de mettre la main sur ses ressources naturelles et ses richesses. Il &eacute;tait donc indispensable de lancer une contre r&eacute;volution pour que la Libye et ses citoyens retrouvent enfin leur dignit&eacute;́, qu&rsquo;ils puissent aussi esp&eacute;rer construire une d&eacute;mocratie.

Avec le recul, qu&rsquo;auriez dû vous faire que vous n&rsquo;avez pas fait à l&rsquo;&eacute;poque ? 

Il y a eu des erreurs que nous n&rsquo;aurions pas dû commettre. J&rsquo;ai en effet acquis la conviction que nous aurions dû organiser un coup d&rsquo;Etat contre ces terroristes et leurs alli&eacute;s islamistes, et cela dès le d&eacute;but de la r&eacute;volution de 2011. Je l&rsquo;ai déjà dit, notre aspiration première était de pouvoir mettre en place un régime démocratique. Nous pensions qu&rsquo;une démocratie permettrait à la Libye de mettre en place les outils nécessaires à son développement économique et d&rsquo;&oelig;uvrer pour l&rsquo;&eacute;tablissement d&rsquo;une justice solide qui soit enfin digne de ce nom. Nous savions que ces conditions &eacute;taient indispensables &agrave; la cr&eacute;ation d&rsquo;un r&eacute;gime stable et d&rsquo;un pays fort. Pourtant, il faut bien reconnaitre que nous n&rsquo;y sommes pas parvenus, et que nous n&rsquo;avons pas r&eacute;alis&eacute;́ qu&rsquo;un certain nombre de choses se passaient. La r&eacute;volution a totalement dévié de ses objectifs pour les raisons que j&rsquo;ai expliqu&eacute;es pr&eacute;c&eacute;demment. C&rsquo;est la raison pour laquelle nous avons d&eacute;clench&eacute;́ l&rsquo;opération Karama avec l&rsquo;armée nationale libyenne au mois de mai 2014, car il fallait reprendre la situation en main.

Pourquoi l&rsquo;&eacute;mirat du Qatar s&rsquo;est-il positionné contre vous ? 

En toute honn&ecirc;tet&eacute;́, je ne sais pas pourquoi le Qatar est contre nous, m&ecirc;me si les Qataris, eux, doivent le savoir (Il sourit) ! ... Si j&rsquo;ai cependant bien compris une chose, c&rsquo;est qu&rsquo;ils veulent leur part du g&acirc;teau ! Ils veulent mettre la main sur la Libye pour s&rsquo;emparer de ses richesses, ce qui n&rsquo;est &eacute;videmment pas acceptable, d&rsquo;autant qu&rsquo;ils soutiennent des organisations terroristes, à commencer par celle des Fr&egrave;res Musulmans qui ont fait venir beaucoup de combattants dans notre pays. Leur strat&eacute;gie consiste, à l&rsquo;instar du Qatar qui les soutient, à s&rsquo;accaparer nos richesses, pour ensuite porter leur lutte vers l&rsquo;Egypte, les pays du Maghreb, la Mauritanie, puis enfin les pays du Golfe. Comme Daesh et son chef Baghdadi, ils veulent &eacute;tablir un empire avec leur califat qui s&rsquo;&eacute;tendrait sur toute la r&eacute;gion du Moyen-Orient, m&ecirc;me si leur projet &nbsp;n&rsquo;a en fait pas grand chose &agrave; voir avec l&rsquo;Islam. En r&eacute;alit&eacute;́, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de Daesh ou des Fr&egrave;res Musulmans, il faut bien comprendre que ces mouvements sont li&eacute;s, les Fr&egrave;res Musulmans &eacute;tant les p&egrave;res spirituels du terrorisme. Tout le monde sait d&rsquo;ailleurs aujourd&rsquo;hui que c&rsquo;est leur organisation qui a attiré les d&eacute;mons jihadistes vers l&rsquo;Irak, la Syrie et bien s&ucirc;r la Libye. Je tiens cependant à pr&eacute;ciser que s&rsquo;il y a bien une chose que les libyens d&eacute;testent, ce sont les Frères Musulmans&nbsp;! Beaucoup d&rsquo;entre eux, des libyens, sont en fait rentrés de Londres ou de Washington où ils &eacute;taient &eacute;tablis. Ce sont de mon point de vue les plus dangereux, que l&rsquo;on peut m&ecirc;me qualifier d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments durs de l&rsquo;organisation. N&eacute;anmoins, ils font face à une r&eacute;alit&eacute;́ extr&ecirc;mement difficile sur le terrain, car nous leur causons beaucoup de pertes !

Justement, quelle est l&rsquo;influence r&eacute;elle de ces groupes arm&eacute;s dans le Sud Libyen, et quels sont leurs liens pr&eacute;cis avec le Jihadisme ? 

Milices arm&eacute;es ou organisations terroristes, cela ne fait aucune diff&eacute;rence à mes yeux ! Dans les deux cas, elles tuent et pillent les richesses du pays ! Mais soyons clairs. Si elles ont essaimé dans le sud de la Libye, c&rsquo;est notamment en raison de l&rsquo;absence r&eacute;elle de gouvernement, de la pr&eacute;sence d&rsquo;un crime organisé, des migrants clandestins et de l&rsquo;opposition tchadienne. Le soutien de la Turquie et du Qatar à l&rsquo;Islam politique des Fr&egrave;res Musulmans est l&rsquo;une des causes de la situation, totalement insupportable pour les populations (...). Sur le terrain, nous avons d&eacute;j&agrave;̀ sorti ces milices de Benghazi et de Derna où elles commettaient des massacres. A Benghazi, elles &eacute;taient dot&eacute;es de 17 000 combattants et à Derna, elles &eacute;taient pr&egrave;s de 9 000. Au sud du croissant p&eacute;trolier leurs forces &eacute;taient compos&eacute;es pour une moitié de mercenaires, pour une autre de sympathisants de l&rsquo;Etat Islamique. En tout, elles repr&eacute;sentaient pr&egrave;s de 60 000 hommes. Aujourd&rsquo;hui, ils ne sont plus que 6 000, qui se sont concentr&eacute;s dans Tripoli (...). Pour les affronter dans le d&eacute;sert, nous pouvons compter sur des combattants b&eacute;douins tr&egrave;s courageux, aux convictions ancestrales, qui refusent la pr&eacute;sence de ces milices sur le territoire. Comme eux, nous sommes d&eacute;termin&eacute;s à d&eacute;truire leurs capacit&eacute;s de nuisance, et nous irons jusqu&rsquo;au bout&nbsp;! (...). Beaucoup de ces terroristes ont en fait d&eacute;j&agrave;̀ pris la fuite par la Tripolitaine, en direction de l&rsquo;Afrique ou de l&rsquo;Europe. Ils cherchent avant tout à s&rsquo;&eacute;chapper pour survivre, car ils ont compris qu&rsquo;en Libye, il n&rsquo;y avait plus aucune place pour eux.

Vous avez rencontré le Pr&eacute;sident de la R&eacute;publique Fran&ccedil;aise Emmanuel Macron le 22 mai. Quelles sont vos relations avec lui, et pouvez-vous nous dire, parmi les Etats qui vous soutiennent, lesquels sont vos meilleurs alli&eacute;s ? 

Je vais vous parler avec beaucoup de franchise. Je consid&egrave;re que tous ceux qui combattent le terrorisme sont nos partenaires&nbsp;! Je regarde donc le pr&eacute;sident Emmanuel Macron comme un v&eacute;ritable allié, et un vrai partenaire&nbsp;! Sur le plan personnel, je dirais que c&rsquo;est un ami proche auquel je fais enti&egrave;rement confiance. La France nous a &eacute;norm&eacute;ment aid&eacute;s,&nbsp;ce qui &eacute;tait &eacute;videmment très important. D&rsquo;autres pays comme les Emirats Arabes-Unis nous ont soutenus sur les plans politique et logistique en nous fournissant par exemple les pi&egrave;ces d&eacute;tach&eacute;es dont nous avions besoin. Concernant les Etats-Unis, c&rsquo;est la lutte anti-terroriste qui nous a rassembl&eacute;s. Ils nous ont aid&eacute;s un peu plus tardivement, mais en nous fournissant un soutien essentiel. Par essentiel, je n&rsquo;entends pas des armes, mais je veux dire qu&rsquo;ils nous ont fourni du renseignement et des syst&egrave;mes de g&eacute;olocalisation auxquels nos hommes ont &eacute;t&eacute; form&eacute;s, et qui ont permis de stopper plus d&rsquo;une fois nos ennemis.

Quelles sont aujourd&rsquo;hui les opportunit&eacute;s d&rsquo;investissement en Libye ? Quels sont les pays partenaires qui &oelig;uvreront à sa reconstruction ? 

Je veux profiter de cet entretien pour confirmer l&rsquo;ouverture de l&rsquo;ANL à l&rsquo;Europe. Nous sommes particuli&egrave;rement ouverts aux soci&eacute;t&eacute;s fran&ccedil;aises qui sont r&eacute;put&eacute;es pour leur savoir-faire dans les domaines de la construction, de l&rsquo;&eacute;nergie, du p&eacute;trole et du gaz. Si nous avons d&eacute;j&agrave;̀ &eacute;tabli quelques contacts avec certaines d&rsquo;entre elles, il est encore trop t&ocirc;t pour avancer concr&egrave;tement en mati&egrave;re de partenariat, compte tenu de la guerre qui fait rage. Par contre, je peux vous dire que d&egrave;s que celle-ci aura pris fin, nous donnerons la priorit&eacute;́ de nos chantiers aux pays qui nous ont soutenus.

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*Cet entretien a &eacute;t&eacute; pr&eacute;par&eacute; et conduit en partenariat avec le magazine Politique Internationale qui en publiera l&rsquo;int&eacute;gralit&eacute; dans son prochain num&eacute;ro.

23/05/2019 -&nbsp; Toute reproduction interdite

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Libye - Entretien avec le Maréchal Haftar : «Ceux qui combattent le terrorisme sont nos partenaires !»

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En Espagne, c&rsquo;est sur fond de crise ind&eacute;pendantiste catalane que les quelques 37 millions d&rsquo;&eacute;lecteurs doivent choisir leurs 54 repr&eacute;sentants accord&eacute;s par l&rsquo;UE. Arrivant en t&ecirc;te avec plus de 32%, le parti du premier ministre Pedro Sanchez &ndash; Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) &ndash; distance largement le parti de droite &ndash; Parti populaire (PP) &ndash; peinant &agrave; rassembler, avec seulement 20%. Pour Emilio, &eacute;tudiant de 25 ans rencontr&eacute; sur la place de la Concorde &agrave; Barcelone &laquo; la nomination de Petro Sanchez est une bonne chose pour l&rsquo;Espagne, et son parti est une chance pour l&rsquo;Europe &raquo;. En effet, ce pays est un des seuls &agrave; ne pas subir de &laquo; vague populiste &raquo;. Vox, le parti de l&rsquo;extr&ecirc;me droite rentre au parlement europ&eacute;en avec 6% sans atteindre la barre symbolique des 10% pourtant obtenu le mois dernier lors de son entr&eacute;e au Parlement espagnol. Dans cette monarchie constitutionnelle, les eurosceptiques ne sont pas connus pour avoir pignon sur rue.&nbsp; &laquo; C&rsquo;est &eacute;galement pour cela qu&rsquo;il faut absolument participer &raquo; reconna&icirc;t Emilio, &laquo; Il faut les emp&ecirc;cher d&rsquo;arriver au pouvoir &raquo; ajoute-t-il. Pour autant, il comprend cette mont&eacute;e populiste. &laquo; Voter pour des extr&eacute;mistes eurosceptiques, ce n&rsquo;est pas bon, c&rsquo;est source de conflit. En revanche, &nbsp;je comprends cette col&egrave;re car nous sommes trop nombreux en Europe, c&rsquo;est tr&egrave;s difficile de s&rsquo;accorder entre les peuples &raquo;.

Figure de proue de l&rsquo;ind&eacute;pendantisme, Carles Puigdemont, ancien pr&eacute;sident de la Catalogne est, avec son homologue Oriol Junqueras, &eacute;lu au parlement europ&eacute;en avec respectivement 4.6% et 5.8%. C&rsquo;est &agrave; Barcelone que les deux hommes politiques font leur meilleur score avec 28% pour le premier et 19.5% pour le second. Actuellement r&eacute;fugi&eacute; en Belgique, Carles Puigdemont &eacute;chappe aux poursuites judiciaires engag&eacute;es contre lui dans le cadre de sa tentative de s&eacute;cession de 2017, &nbsp;ce qui n&rsquo;est pas le cas d&rsquo;Oriol Junqueras qui est emprisonn&eacute;. En revanche, l&rsquo;&eacute;lection &agrave; cette d&eacute;putation ne signifie pas pour autant que leur &eacute;lection est valid&eacute;e et qu&rsquo;ils obtiendront l&rsquo;immunit&eacute; parlementaire. En effet, tous comme les 52 autres nouveaux &eacute;lus, ils devront passer par Madrid pour s&rsquo;acquitter de formalit&eacute;s administratives. Un voyage &agrave; haut risque pour Carles Puigdemont, risquant de se faire arr&ecirc;ter &agrave; sa descente d&rsquo;avion ...

Barcelone : une &eacute;lection municipale autour de la question ind&eacute;pendantiste

A Barcelone, capitale de la Catalogne, l&rsquo;&eacute;chiquier politique &ndash; comme celui de toute la province &ndash; &nbsp;est partag&eacute; par la question de l&rsquo;ind&eacute;pendance. Parti ind&eacute;pendantiste de la gauche r&eacute;publicaine avec en t&ecirc;te de liste Ernest Maragall, l&rsquo;ERC remporte les &eacute;lections avec 21,35%. Avec 5 000 voix de moins, le parti de l&rsquo;ancienne maire Ada Colau, Barcelone en commun (extr&ecirc;me gauche), se positionne en seconde position. Chacun des deux partis obtient 10 conseillers municipaux. De son cot&eacute;, Manuel Valls, soutenu par le parti lib&eacute;ral Ciudadanos et d&rsquo;ob&eacute;dience anti-ind&eacute;pendantiste, ne cr&eacute;e pas la surprise, ne d&eacute;crochant que 13 %. Les habitants de la capitale catalane montrent, avec ces &eacute;lections, leur attachement &agrave; l&rsquo;ind&eacute;pendance, m&ecirc;me si bien s&ucirc;r aucune majorit&eacute; absolue ne se dessine. Anna raconte : &laquo; j&rsquo;ai vot&eacute; ind&eacute;pendantiste, car je souhaite un changement d&rsquo;administration. Ce maire sera un bon maire, vive la Catalogne ! &raquo;. Il semble toutefois que le vote ind&eacute;pendantiste tienne plus du symbole que d&rsquo;une volont&eacute; r&eacute;elle de s&eacute;cession. &nbsp;Alvaro explique : &laquo; Je ne pense pas que le maire ait le pouvoir de nous conduire &agrave; l&rsquo;ind&eacute;pendance. J&rsquo;estime que le coup de 2017 repr&eacute;sente le moment o&ugrave; nous &eacute;tions le plus proche de l&rsquo;ind&eacute;pendance. Si nous avons &eacute;chou&eacute; &agrave; ce moment, je doute que nous y parvenions. Mais notre sentiment d&rsquo;union va plus loin que la simple ind&eacute;pendance &raquo;.

Pour beaucoup d&rsquo;&eacute;lecteurs, voter ind&eacute;pendantiste, c&rsquo;est en effet mettre en avant les sp&eacute;cificit&eacute;s de la r&eacute;gion : une culture et une histoire propre, mais aussi se d&eacute;tacher de la p&eacute;riode du franquisme qui p&egrave;se encore lourdement sur les esprits en Catalogne.

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&nbsp;28/05/2019 - Toute reproduction interdite&nbsp;

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Espagne : Les élections européennes et municipales vues de Barcelone

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Kim Jong Un, le leader nord-cor&eacute;en a choisi de d&eacute;velopper des capacit&eacute;s balistiques et nucl&eacute;aires afin de rester au pouvoir. Ce qui lui a sans doute permis d&rsquo;&eacute;viter l&rsquo;&laquo; iraquisation &raquo; de son pays, et d&rsquo;entamer des n&eacute;gociations avec Donald Trump.
Si la Cor&eacute;e du Nord veut survivre, elle doit en en effet s'ouvrir &agrave; la coop&eacute;ration &eacute;conomique avec l'&eacute;tranger, notamment avec la Cor&eacute;e du Sud. Sans cela, elle ne pourra subsister sur le long terme. Les deux pr&eacute;sidents cor&eacute;ens en sont conscients ; et c&rsquo;est dans leur int&eacute;r&ecirc;t que la Cor&eacute;e du Nord reste un pays politiquement stable. Cependant, le sommet am&eacute;ricano-cor&eacute;en de f&eacute;vrier dernier s'est sold&eacute; par un fiasco : les deux chefs d'&eacute;tats ont &eacute;t&eacute; incapables de se mettre d'accord sur les conditions d'une lev&eacute;e des sanctions internationales contre la Cor&eacute;e du Nord, et sur les concessions de cette derni&egrave;re en retour, alors que le site d'essais nucl&eacute;aires de Cor&eacute;e du Nord a &eacute;t&eacute; fortement endommag&eacute; lors d&rsquo;un dernier essai, et qu&rsquo;il y a un risque de pollution radioactive qu&rsquo;il convient de r&eacute;soudre au plus vite.
La d&eacute;nucl&eacute;arisation de la p&eacute;ninsule et une stabilisation entre les deux Cor&eacute;es signifie aussi, pour la Cor&eacute;e du Sud, la possibilit&eacute; de gagner de l'autonomie vis-&agrave;-vis des Etats-Unis, un alli&eacute; consid&eacute;r&eacute; &laquo; encombrant &raquo;.
Pour la Cor&eacute;e du Sud, il est &eacute;galement &agrave; noter que la Cor&eacute;e du Nord reste un march&eacute; important puisque ses citoyens manquent pratiquement de tout. Une ouverture permettrait donc de renforcer son d&eacute;veloppement &eacute;conomique et de&nbsp;profiter d&rsquo;une main d&rsquo;&oelig;uvre &agrave; bas prix. De m&ecirc;me, la puissance militaire de la Cor&eacute;e du Nord lui permettrait d&rsquo;avoir un poids politique dans les n&eacute;gociations. Il est donc important que les Etats-Unis retournent &agrave; la table de discussions pour que le jeu de Go entre Chine, Russie et Etats-Unis puisse &ecirc;tre relanc&eacute;s, et afin que les n&eacute;gociations &eacute;conomiques entre la Cor&eacute;e du Nord et la Cor&eacute;e du Sud puissent reprendre.
Comme une r&eacute;ussite des n&eacute;gociations entre la Cor&eacute;e du Nord et les Etats-Unis est un enjeu vital pour les deux Cor&eacute;es &nbsp;on peut donc se demander si les derniers essais de missiles &agrave; longue port&eacute;e en direction du Japon ne seraient pas une &laquo; demande &raquo; adress&eacute;e &agrave; l&rsquo;attention du au Japon, de faire pression sur les Etats-Unis pour que Donald Trump revienne &agrave; la table des n&eacute;gociations.
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30/05/2019 - Toute reproduction interdite
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Corée du Nord : Faire peur pour survivre

Quelle est la mission du CEMO ?
La diffusion d&rsquo;id&eacute;es erron&eacute;es sur les groupes de l&rsquo;Islam politique en Occident et leurs r&ocirc;les dans leurs pays respectifs, et le fait de dire qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;institutions d&eacute;mocratiques pers&eacute;cut&eacute;es par des dictatures, a largement contribu&eacute; &agrave; faire p&eacute;n&eacute;trer ces mouvements extr&eacute;mistes en Europe. Or, cette situation doit cesser ou du moins, il faut &eacute;couter l&rsquo;interpr&eacute;tation et les analyses de ceux qui ont un point de vue diff&eacute;rent, qui ont connu ces organisations, observ&eacute; leurs id&eacute;es et se sont oppos&eacute;s &agrave; elles, ainsi qu&rsquo;&agrave; leurs dirigeants, leurs cadres et leurs partisans dans de nombreux d&eacute;bats. C&rsquo;est pour cette raison que ce projet a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute; et que Le Centre d&rsquo;Etudes du Moyen-Orient &agrave; Paris (CEMO), est un centre sp&eacute;cialis&eacute; dans les &eacute;tudes de l&rsquo;Islam politique et du terrorisme.&nbsp;Le Centre a d&eacute;velopp&eacute; une coop&eacute;ration avec tous les autres centres, et s&rsquo;est largement ouvert &agrave; la communaut&eacute; de la recherche scientifique en g&eacute;n&eacute;ral. Nous avons accueilli des g&eacute;n&eacute;raux et des professeurs &agrave; la Sorbonne, ainsi que des anciens ministres et des dirigeants d'institutions importantes telles que la Fondation De Gaulle et la Fondation Napol&eacute;on. Nous avons &eacute;galement eu recours &agrave; un grand nombre d&rsquo;&eacute;crivains fran&ccedil;ais, dont Roland Jacquard et George Malbrunot.
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Comment analysez - vous aujourd&rsquo;hui la strat&eacute;gie d&rsquo;influence du Qatar ? En quoi le Qatar man&oelig;uvre-t-il les Fr&egrave;res Musulmans en France ?
De nombreux livres publi&eacute;s en Occident, notamment en France, expliquent et r&eacute;v&egrave;lent en m&ecirc;me temps les tentatives de Doha d&rsquo;&eacute;tendre son influence en Europe, surtout en France. Ce petit &eacute;mirat utilise la trilogie de l'argent, des m&eacute;dias et des groupes de pression pour s&rsquo;infiltrer au sein des Etats et tenter de se procurer des cartes de pression lui permettant d&rsquo;&eacute;tendre son influence, ce qu&rsquo;il ne peut faire de par sa taille, sa position g&eacute;ographique, le nombre de ses habitants ou son statut international.&nbsp;Il suffit de souligner que durant la r&eacute;cente crise iranienne, l'&eacute;mir du Qatar s'est rendu en Iran pour une visite &eacute;clair de quatre heures. Il a pr&eacute;tendu avoir tent&eacute; de convaincre l&rsquo;Iran de ne pas &laquo; lancer des op&eacute;rations provocatrices contre des cibles am&eacute;ricaines dans la r&eacute;gion du Golfe &raquo;. Mais les renseignements am&eacute;ricains ont d&eacute;couvert que l&rsquo;&eacute;mir transmettait des informations &agrave; l&rsquo;Iran. Washington a pris alors la d&eacute;cision d&rsquo;arr&ecirc;ter toute coop&eacute;ration avec Doha. Les activit&eacute;s du Qatar en Europe sont claires. L&rsquo;&eacute;mirat finance l'organisation internationale des Fr&egrave;res Musulmans, ses associations, ses mosqu&eacute;es et ses institutions financi&egrave;res r&eacute;parties dans toute l'Europe. Des journalistes fran&ccedil;ais comme Georges Malbrunot et Christian Chesnot ont d&rsquo;ailleurs r&eacute;v&eacute;l&eacute; ces activit&eacute;s dans leur r&eacute;cent ouvrage &laquo; Qatar Papers &raquo;. (&hellip;). Sans parler de ce que le Qatar fait en Libye et en Syrie et qu&rsquo;il continue &agrave; faire dans un grand nombre de pays du monde, ce qui a incit&eacute; les pays arabes &agrave; le boycotter et &agrave; le soumettre &agrave; un si&egrave;ge r&eacute;gional.
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Quelle force repr&eacute;sentent r&eacute;ellement les Fr&egrave;res Musulmans en France ?
Vous devez savoir que l&rsquo;Union des organisations islamiques de France - comme elle s&rsquo;appelait avant le milieu des ann&eacute;es quatre-vingt-dix - a &eacute;t&eacute; fond&eacute;e en 1983 &agrave; partir de l&rsquo;union de 6 petites organisations qui sont devenues aujourd&rsquo;hui 250 organisations et associations poss&eacute;dant 170 mosqu&eacute;es partout en France, et deux &eacute;coles secondaires : le lyc&eacute;e al-Kindy dans la banlieue de Lyon, et Averro&egrave;s &agrave; Lille.&nbsp;Si nous examinons les m&eacute;thodes d&rsquo;enseignement dans ces &eacute;coles, et le style de leurs sermons dans les mosqu&eacute;es, nous constatons qu&rsquo;ils pr&eacute;conisent une s&eacute;paration entre les gar&ccedil;ons et les filles dans les classes, et l&rsquo;enseignement de la mati&egrave;re du djihad en le d&eacute;finissant comme le combat contre les non musulmans, sans parler de la diffusion de valeurs contraires aux valeurs de la R&eacute;publique fran&ccedil;aise.&nbsp;Ajoutons &agrave; cela que les membres de l&rsquo;organisation ont jur&eacute; une fid&eacute;lit&eacute; parfaite aux id&eacute;es du fondateur des Fr&egrave;res Musulmans Hassan al-Banna et qu&rsquo;ils ont pr&ecirc;t&eacute; all&eacute;geance au Guide de l&rsquo;organisation - selon le syst&egrave;me de l&rsquo;all&eacute;geance &eacute;tabli &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur du groupe, et qu&rsquo;ont admis nombre de ceux qui l&rsquo;ont quitt&eacute; comme Mohammad Louizi, Tharwat al-Kharbawi ou Mukhtar Nouh.&nbsp;L&rsquo;all&eacute;geance signifie la fid&eacute;lit&eacute; &agrave; la strat&eacute;gie d&eacute;finie par Al-Banna en six &eacute;tapes : la construction de l&rsquo;individu musulman selon la m&eacute;thode des Fr&egrave;res, la construction de la famille musulmane, la construction de la soci&eacute;t&eacute; musulmane, la construction du gouvernement islamique, la construction du califat islamique, et la domination du monde. Il n&rsquo;est donc pas &eacute;trange que le nom &laquo; Union des organisations islamiques en France &raquo; soit devenu en 1995 &laquo; Union des organisations islamiques de France &raquo;, ce qui montre que l&rsquo;organisation a commenc&eacute; &agrave; consid&eacute;rer la France comme l&rsquo;un des pays auquel doit &ecirc;tre appliqu&eacute;e la strat&eacute;gie en 6 &eacute;tapes, et qui doit &ecirc;tre transform&eacute; &agrave; un certain moment, d&eacute;termin&eacute; par &laquo; la puissance, les fonds et la situation politique &raquo; en Etat islamique, ou plut&ocirc;t en Etat fr&eacute;riste.&nbsp;Il suffit d&rsquo;indiquer &eacute;galement que lorsque l&rsquo;un des conseillers de Macron sur l&rsquo;islam a &eacute;labor&eacute; une strat&eacute;gie de relation avec l&rsquo;islam fran&ccedil;ais, il a d&eacute;sign&eacute; 3 p&ocirc;les de l&rsquo;Union des organisations islamiques de France pour mettre en &oelig;uvre cette strat&eacute;gie.&nbsp;C&rsquo;est pourquoi nous avons mis en garde contre cette influence qui repose sur l&rsquo;utilisation des mosqu&eacute;es, des &eacute;coles, des associations et des fonds importants provenant du commerce de produits halal et des dons au profit de la construction des lieux de pri&egrave;re et des associations, outre les fonds transf&eacute;r&eacute;s par le biais des valises diplomatiques de certains pays du Moyen-Orient bien. Nous avons mis en garde contre cette influence qui nuit aux r&eacute;f&eacute;rences morales et civilisationnelles de la R&eacute;publique fran&ccedil;aise dans toutes les r&eacute;gions o&ugrave; elle s&rsquo;exerce. En particulier les banlieues de Paris, Lyon et Lille. Mais la grande catastrophe r&eacute;side aussi dans l&rsquo;annonce par l&rsquo;Union des organisations islamiques le 29 janvier 2017 (suite &agrave; la victoire de Trump en novembre 2016) de sa s&eacute;paration de l&rsquo;Organisation internationale des Fr&egrave;res lors d&rsquo;une r&eacute;union tenue &agrave; Istanbul, de crainte que l&rsquo;Union ne soit vis&eacute;e comme l&rsquo;Organisation internationale par les d&eacute;cisions annonc&eacute;es par Trump dans son programme &eacute;lectoral. Cela signifie l&rsquo;entr&eacute;e de l&rsquo;Organisation en Europe et en France dans l&rsquo;action clandestine, &eacute;tape la plus dangereuse.
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Votre centre d&rsquo;&eacute;tudes a &eacute;t&eacute; l&rsquo;objet de pressions. De quoi s&rsquo;agit-il ?
Nous avons subi des pressions depuis le premier jour o&ugrave; nous avons commenc&eacute; notre activit&eacute; en France. Les Qataris ont en effet protest&eacute; aupr&egrave;s de l&rsquo;administration de l&rsquo;H&ocirc;tel Meurice contre la tenue de la premi&egrave;re conf&eacute;rence du Centre le 6 octobre 2017, sur le financement du terrorisme par le Qatar, &agrave; laquelle ont particip&eacute; nombre de chercheurs, journalistes et politiciens fran&ccedil;ais comme Georges Malbrunot, Eric Champier, Pierre Berthelot, l&rsquo;ex-candidat aux pr&eacute;sidentielles fran&ccedil;aises Fran&ccedil;ois Asselineau et l&rsquo;ex-ministre fran&ccedil;ais des Affaires &eacute;trang&egrave;res Roland Dumas.&nbsp;Les Qataris et leurs amis en France n&rsquo;ont cess&eacute; de nous poursuivre jusqu&rsquo;&agrave; la conf&eacute;rence de presse tenue &agrave; l&rsquo;Assembl&eacute;e nationale fran&ccedil;aise et &agrave; laquelle a particip&eacute; Mme Marine Le Pen en qualit&eacute; de d&eacute;put&eacute;e au Parlement fran&ccedil;ais - et pas autre chose -, et lors de laquelle nous avons expliqu&eacute; devant les commissions des relations ext&eacute;rieures et de la d&eacute;fense, le danger de l&rsquo;implantation de l&rsquo;Organisation internationale des Fr&egrave;res en France, et son achat de nombre de politiciens fran&ccedil;ais.&nbsp;Apr&egrave;s le colloque, les m&ecirc;mes accusations du site Mondafrique ont &eacute;t&eacute; port&eacute;es contre le pr&eacute;sident du Centre, le qualifiant d&rsquo;adepte de la th&eacute;orie du complot, et d&rsquo;ennemi d&rsquo;Isra&euml;l et du sionisme. Ont &eacute;t&eacute; utilis&eacute;s pour cela nombre de t&eacute;moignages de leurs partisans dont le Fr&eacute;riste Nabil Ennassri et l&rsquo;ex-djihadiste Romain Caillet (&hellip;). Cela a pouss&eacute; l&rsquo;Union des organisations juives de France &agrave; publier un communiqu&eacute; contre le pr&eacute;sident du Centre en s&rsquo;appuyant sur ces accusations sans fondement.&nbsp;Malgr&eacute; cela, nous avons continu&eacute; sur notre voie, et avons tenu une autre conf&eacute;rence au S&eacute;nat fran&ccedil;ais puis au Parlement europ&eacute;en, puis au Press Club de France, avant de nous rendre &agrave; Gen&egrave;ve et de tenir une conf&eacute;rence au Club de la presse des Nations unies. L&agrave;, ils nous ont envoy&eacute; Hani Ramadan, petit-fils de Hassan al-Banna et nombre d&rsquo;ex-djihadistes pour nous terroriser. Puis ils ont essay&eacute; de brouiller nos paroles, ce qui a conduit les organisateurs &agrave; les expulser de la salle. Le journaliste suisse Ian Hamel a d&rsquo;ailleurs &eacute;crit un long article dans la revue Le Point pour expliquer ce qui s&rsquo;&eacute;tait pass&eacute;.&nbsp;Leurs partisans continuent de nous pourchasser, r&eacute;pandant de fausses informations sur le Centre et son pr&eacute;sident, en vue de de nous faire renoncer &agrave; notre mission qui a pour but de r&eacute;v&eacute;ler les ing&eacute;rences qataries et fr&eacute;ristes en France et en Europe.
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Plus globalement, pensez-vous qu&rsquo;il y ait des pressions exerc&eacute;es par les Fr&egrave;res Musulmans sur des journalistes ou des chercheurs en France ?
D&rsquo;une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, oui. Mais la question importante est de savoir le type de pressions que peuvent exercer l&rsquo;Organisation des Fr&egrave;res et ses alli&eacute;s turcs, Qataris et Iraniens sur les journalistes et chercheurs fran&ccedil;ais. De mon point de vue, ces pressions s&rsquo;exercent de trois fa&ccedil;ons.&nbsp;La premi&egrave;re : par des campagnes contre certains journalistes en les accusant de recevoir des financements de certains pays pour critiquer les Fr&egrave;res et leurs alli&eacute;s Qataris et Turcs. Comme dans le cas de Georges Malbrunot et Christian Chesnot apr&egrave;s la publication de leur livre &laquo;&nbsp;Qatar Papers&nbsp;&raquo;.&nbsp;La seconde : en recrutant nombre de politiciens et de journalistes pour les d&eacute;fendre, mais aussi attaquer leurs adversaires en lan&ccedil;ant de fausses accusations.&nbsp;Cela influe forc&eacute;ment sur le moral des journalistes et des chercheurs.&nbsp;La troisi&egrave;me : utilis&eacute;e par certains pays soutenant la Confr&eacute;rie et en particulier le Qatar, qui infiltrent des groupes de presse &agrave; travers le monde et ach&egrave;tent des parts de leur capital pour influencer la prise de d&eacute;cision &hellip; C&rsquo;est ce qu&rsquo;a fait le Qatar derni&egrave;rement avec une revue fran&ccedil;aise connue, ce qui a conduit &agrave; interdire la publication d&rsquo;un article d&rsquo;un grand journaliste, qui r&eacute;v&eacute;lait la corruption d&rsquo;un haut responsable qatari.
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*Abdelrahim Ali est un sp&eacute;cialiste de l&rsquo;islam politique de renomm&eacute;e internationale. Ses ouvrages en la mati&egrave;re font autorit&eacute; - aussi bien au Moyen-Orient qu&rsquo;en Europe - Certains sont traduits en plusieurs langues (ses deux ouvrages &laquo; Daech, la redistribution des cartes dans un monde boulevers&eacute; &raquo; et &laquo; l&rsquo;Etat des fr&egrave;res musulmans, l&rsquo;Europe et l&rsquo;expansion de l&rsquo;organisation internationale &raquo; sont &eacute;dit&eacute;s &agrave; Paris aux &eacute;ditions de l&rsquo;Harmattan). Il est d&eacute;put&eacute; au parlement &eacute;gyptien depuis 2015.
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29/05/2019 - Toute reproduction interdite

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